Le cancer du poumon est le 3e cancer le plus fréquent en France (2e chez l’homme et 3e chez la femme). Il est dit « de mauvais pronostic » mais « on peut guérir », insiste le Pr Jacques Cadranel, Chef du Service de Pneumologie et Oncologie Thoracique à l’hôpital Tenon (Paris). « L’espérance de vie dépend énormément du type de cancer et du stade au diagnostic, mais aujourd’hui grâce aux traitement combinés et en particulier à l’avènement de l’immunothérapie et des thérapies ciblées, le pronostic du cancer du poumon a été considérablement amélioré pour certains malades. » Pour lever le tabou sur le cancer, plusieurs célébrités ont révélé leur cancer du poumon, Florent Pagny, Olivier de Kersauson et plus récemment, en décembre 2024, Pascal Bataille. animateur de « Y’a que la vérité qui compte » sur C8.
Qu’est-ce qu’un cancer du poumon ?
Le cancer du poumon, appelé également « cancer bronchique » ou « cancer broncho-pulmonaire », est une tumeur maligne développée à partir des cellules de revêtement des bronches, des bronchioles ou des alvéoles pulmonaires. Il existe deux principaux types de cancers du poumon en fonction de l’origine et de l’aspect des cellules cancéreuses au microscope : les cancers bronchiques non à petites cellules et les cancers bronchiques à petites cellules.
Qu’est-ce qu’un cancer du poumon non à petites cellules ?
Ils représentent près de 85% des cancers du poumon. Dans cette famille, on y retrouve l’adénocarcinome (qui prend naissance plutôt en périphérie des poumons), le carcinome épidermoïde (plutôt au niveau des grosses bronches au centre des poumons) et le carcinome à grandes cellules. Actuellement, les cancers bronchiques non à petites cellules sont catégorisés également quant à l’expression de certains marqueurs : expression ou non de PD-L1 et présence ou non de mutations qui vont orienter les choix de traitements.
Qu’est-ce qu’un cancer du poumon à petites cellules ?
Les cancers du poumon à petites cellules constituent les 15% restants. S’ils sont moins nombreux, ils sont toutefois plus agressifs à cause d’une prolifération rapide des cellules cancéreuses.
Quel est l’âge de survenue d’un cancer du poumon ?
Selon les dernières statistiques de l’Institut national du cancer (2018) l’âge médian au diagnostic d’un cancer du poumon en France est de 67 ans chez l’homme et 65 ans chez la femme.
A quoi correspondent les stades du cancer du poumon ?
Les stades permettent de classer le cancer du poumon en fonction de la taille de la tumeur, de l’étendue du cancer dans le thorax, et à distance dans d’autres parties du corps. On distingue 5 stades de 0 à 4.
- Le stade 0 si aucun signe de tumeur primitive du poumon n’est retrouvé ;
- Le stade 1 lorsque le diamètre de la tumeur mesure maximum 3 cm et qu’elle reste cantonnée au poumon ;
- Le stade 2 lorsque la tumeur est plus large et atteint les ganglions lymphatiques des bronches ;
- Le stade 3 lorsque la tumeur a atteint les ganglions lymphatiques plus au centre du thorax près de la trachée, de l’œsophage et du cœur ;
- Le stade 4 lorsque la tumeur s’est étendue en dehors du poumon, dans les organes les plus fréquemment touchés que sont la glande surrénale, le foie, les os et le cerveau.
Quels sont les symptômes du cancer du poumon ?
Si des symptômes respiratoires qui peuvent sembler banals, persistent (toux de bronchite chronique, difficulté à respirer…), en particulier chez les fumeurs ou des anciens fumeurs, il faut consulter un médecin. Le cancer du poumon peut parfois être découvert par hasard sur un bilan d’imagerie médicale réalisé pour rechercher une autre pathologie.
Symptômes fréquents | Symptômes moins fréquents |
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Quelles sont les causes du cancer du poumon ?
Les facteurs de risque prédominants dans le cancer du poumon sont : le tabagisme actif (80%) et passif, les expositions professionnelles à des substances toxiques, les pollutions environnementales et les antécédents personnels et familiaux de cancer du poumon ou d’autres cancers non liés au tabac.
Quelle est la part des cancers attribuables au tabac ?
Le tabac est responsable de 8 cancers du poumon sur 10. Toutes les formes de tabac sont concernées (cigarettes, cigares, cigarillos, narguilé, cannabis, etc.). La fumée de cannabis contient quatre fois plus de goudrons que celle du tabac et plus de substances cancérigènes. Près de 92 % des décès par cancer des poumons chez l’homme résultent d’une consommation de tabac. Le risque s’accroît en fonction de la dose journalière de tabac et de la durée du tabagisme…
La durée pendant laquelle on fume semble plus importante que la quantité de cigarettes fumées.
La durée pendant laquelle on fume semble plus importante que la quantité de cigarettes fumées. Les jeunes fumant de plus en plus tôt, l’âge de survenue de la maladie rajeunit et celle-ci se manifeste parfois dès l’âge de 40 ans. A cause du tabagisme, le cancer du poumon a été multiplié par 7 ces 30 dernières années et a quasiment doublé entre 2000 et 2012 (Inca). Cette augmentation concerne beaucoup plus la femme que l’homme ces dernières années. Le tabagisme passif augmente le risque de cancer du poumon de 30% par rapport à une personne qui évolue dans un entourage non fumeur.
Quelles causes chez les non-fumeurs ?
Chez les non-fumeurs, d’autres facteurs extérieurs peuvent être impliqués dans la survenue d’un cancer du poumon. C’est le cas, notamment, d’une exposition prolongée à des substances comme l’amiante, certains hydrocarbures polycycliques aromatiques (gaz d’échappement des moteurs diesels…), les radiations ionisantes (dont rayons X, rayons gamma issus de l’imagerie médicale), le radon, l’arsenic, le nickel, le chrome, la silice, le cadmium… On peut également citer les maladies inflammatoires chroniques des bronches ou encore la pollution atmosphérique. Il existe des cas rares de cancers familiaux caractérisés par leur survenue chez des personnes plus jeunes.
Comment savoir si on a un cancer du poumon ?
Les cancers du poumon sont souvent diagnostiqués à un stade avancé (stades 3 ou 4). La radiographie du thorax a été remplacée par le scanner du thorax sans injection de produit de contraste au moindre signe d’alerte en particulier chez une personne fumeuse. Une biopsie permet ensuite de confirmer s’il s’agit d’un cancer ou pas. Elle peut s’effectuer par une fibroscopie bronchique, une ponction trans-pariétale sous scanner (à travers la paroi du thorax), ou au cours d’une intervention chirurgicale. Si le cancer est confirmé, l’onco-pneumologue propose de faire un bilan d’extension pour préciser l’étendue de la maladie et la classer en stade. Ce bilan comprend en général un scanner thoracique et abdominal avec une injection de produit de contraste iodé, une IRM ou un scanner cérébral et une tomographie par émission de positon (TEP)/scintigraphie couplée à un scanner. Il n’y a pas de prise de sang qui permette de faire le diagnostic de cancer du poumon. D’autres examens peuvent être réalisés en fonction des résultats des précédents.
Quels sont les traitements pour soigner un cancer du poumon ?
Les traitements sont aujourd’hui multiples : chirurgie, radiothérapie, chimiothérapie, immunothérapie ou thérapeutiques ciblées, sans oublier les traitements de support pour les douleurs, la perte de poids, l’anxiété ou la dépression. Le traitement dépend du type histologique et de l’étendue du cancer
« On peut guérir d’un cancer du poumon »
Le cancer à petites cellules n’est pratiquement jamais traité par chirurgie. Pour les cancers non à petites cellules, la chirurgie est le traitement privilégiée pour les stades localisés pour les patients dits « opérables » qui peuvent donc supporter l’opération. Elle peut aussi être envisagée dans les stades localement avancés s’il est possible de retirer la tumeur. La chirurgie et la radiothérapie sont très souvent complétée par une chimiothérapie voire une immunothérapie. Dans les maladies étendues le choix des traitements va dépendre des résultats des recherches moléculaires réalisées sur les biopsies au moment du diagnostic.
Espérance de vie : peut-on guérir d’un cancer du poumon ?
« Oui aujourd’hui on peut guérir d’un cancer du poumon », répond le Pr Jacques Cadranel, Chef du Service de Pneumologie et Oncologie Thoracique à l’hôpital Tenon (Paris). « L’espérance de vie dépend énormément du type de cancer et du stade au diagnostic, mais aujourd’hui grâce aux traitement combinés et en particulier à l’avènement de l’immunothérapie et des thérapies ciblées, le pronostic du cancer du poumon a été considérablement amélioré pour certains malades. » Même dans le cas d’une maladie étendue. Si le cancer du poumon reste le plus mortel en France, son taux de mortalité entre 1990 et 2018 a diminué d’1,6% chez l’homme en moyenne. Il a en revanche augmenté de 3% chez la femme. Selon les chiffres publiés par Santé Publique France en 2020 : le pronostic de survie à 5 ans pour les personnes diagnostiquées entre 2010 et 2015 a été estimé à 20 % tous sexes confondus (respectivement 24 % pour les femmes et 18 % pour les hommes). Ces chiffres confirment par ailleurs une amélioration de la survie nette standardisée à 5 ans de 11 points de pourcentage en 25 ans et une amélioration de la survie à 10 ans entre 1990 et 2010 quel que soit l’âge.
Un dépistage négatif n’est pas un « pass » pour continuer à fumer ensuite.
Comment prévenir un cancer du poumon ?
Sachant que dans la majorité des cas, les patients atteints d’un cancer du poumon sont des fumeurs, la première prévention est l’arrêt du tabac. Arrêter de fumer ou ne pas commencer à fumer diminuent les risques de survenue d’un cancer du poumon. Mais ce risque perdure après l’arrêt et reste supérieur à celui des non-fumeurs. « 80 % des cancers du poumon sont liés au tabac, rappelle le Pr Cadranel. Il faut réduire sa consommation. Les traitements substitutifs sont gratuits en France. Grâce à ces traitements et à la cigarette électronique, on peut s’arrêter de fumer. Et quel que soit l’âge, dès lors qu’on arrête de fumer, on réduit son risque de cancer du poumon et donc d’en mourir. » Le tabagisme passif doit également être évité. Quant au dépistage « organisé », à date, la Haute Autorité de Santé ne l’a pas autorisé pour le cancer du poumon de même que son remboursement « mais des programmes vont être mis en place » informe notre interlocuteur. En revanche, le dépistage ne fait pas tout. Un dépistage négatif n’est pas un « »pass » pour continuer à fumer ensuite ». Et isolé, il ne suffit pas. Dès lors qu’on commence à se faire dépister (comme dans le cadre du cancer du sein), il faut le faire de façon régulière selon les préconisations des autorités de santé.
Merci au Pr Jacques Cadranel, Chef du Service de Pneumologie et Oncologie Thoracique à l’hôpital Tenon Assistance Publique Hôpitaux de Paris (Paris). Propos recueillis en décembre 2021.
Sources :
Panorama des cancers en France 2021 – Institut national du cancer.
Les symptômes possibles du cancer du poumon. Institut national du cancer. 2018
Survie des personnes atteintes de cancer en France métropolitaine 1989-2018 – Poumon – Santé Publique France. Mis à jour le 16 décembre 2020
Source : JDF Santé