Cancer du pénis ou verge : symptômes, une bonne survie ?

Le cancer du pénis, du gland, de la face interne du prépuce ou de la verge, est un cancer rare en France. En France, le nombre estimé de nouveaux cas de cancer du pénis en 2018 était de 449, indique Santé publique France. Son âge moyen de survenue est de 60 ans. Son principal facteur de risque est le phimosis ou l’absence de circoncision, associé à une absence d’hygiène locale suffisante et à une infection transmise sexuellement par le papillomavirus (types 16 et 18). Quels sont les symptômes ? Les facteurs de risque ? Peut-on en guérir ? Quelle survie ?

Qu’appelle-t-on un cancer du pénis ?

Dans la plupart des cas, le cancer du pénis se présente sous la forme d’une tumeur de la peau, généralement un carcinome épidermoïde. Cliniquement, on retrouve une induration avec une ulcération à l’extrémité de la verge. Parfois, il existe des ganglions inguinaux. Ces lésions peuvent saigner. Elles siègent sur :

  • le gland (48%)
  • le prépuce (la face interne) (21%)
  • la couronne (6%)
  • le corps caverneux (2%)

Quelles sont les chances de survie en cas de cancer du pénis ?

Selon les chiffres de Santé publique France (2018), la survie nette standardisée à 5 ans est de 68 % pour les cas diagnostiqués entre 2010 et 2015. La survie nette à 5 ans diminue avec l’âge au diagnostic de 79 % à 50 ans à 60 % à 80 ans.

Quel est l’âge moyen d’un cancer du pénis ?

L’âge de diagnostic d’un cancer du pénis est d’environ 60 ans. 

Quels sont les symptômes d’un cancer du pénis ?

Les premiers signes de la maladie ne sont généralement pas spécifiques ; il s’agit par exemple d’une masse plus dure ou d’une enflure au niveau du gland ou du prépuce. Le cancer du pénis ne provoque généralement des troubles qu’au stade avancé. Les plus caractéristiques sont les suivants :

  • une lésion du gland d’aspect bourgeonnant ou au contraire ulcérée, creusante
  • un écoulement 
  • des saignements

Qu’est-ce qui peut provoquer un cancer du pénis ?

Le défaut d’hygiène, aggravé par l’existence d’un phimosis (affection du pénis) empêchant tout décalottage, augmente le risque de cancer du pénis. « En effet, le développement microbien peut entraîner une inflammation impliquée dans le développement du cancer, explique le Dr Ludovic Ferretti, membre du comité d’andrologie et médecine sexuelle de l’Assocation Française d’Urologie. Ainsi, on recommande un nettoyage classique à l’eau et au savon après décalottage (sans forcer), puis séchage. Et après avoir uriné, bien essuyer le gland afin de ne pas laisser de l’urine acide s’infiltrer sous le prépuce, ce qui favoriserait l’inflammation.« 

Quels sont les hommes à risque d’avoir un cancer du pénis ?

Des preuves convaincantes permettent d’affirmer que certains facteurs font augmenter le risque de cancer du pénis. Parmi eux :

  • une inflammation chronique du pénis due à une hygiène génitale déficiente 
  • une infection à papillomavirus humain (HPV) 
  • un rétrécissement du prépuce, aussi appelé phimosis : cette affection empêche le prépuce de se rétracter pour découvrir le gland, ce qui rend l’hygiène génitale plus difficile et peut masquer une lésion cutanée 
  • le tabagisme 
  • des lésions précancéreuses telles que l’érythroplasie de Queyrat ou la maladie de Bowen.

La circoncision favorise-t-elle le cancer du pénis ?

Non au contraire, la circoncision pratiquée dans l’enfance assure une certaine protection contre le cancer du pénis. La vaccination anti-HPV peut également diminuer le risque de développer la maladie.

Comment diagnostique-t-on un cancer du pénis ?

Le diagnostic d’un cancer du pénis est avant tout clinique, basé sur la palpation du pénis, de la tumeur et des aires ganglionnaires inguinales. Au niveau du gland, l’examen clinique confirme la tumeur, mesure sa taille et recherche surtout une extension aux corps caverneux en amont. Ce n’est qu’en cas de doute diagnostique qu’une biopsie de la tumeur sera réalisée. L’IRM pénienne ou l’échographie pénienne permettent de confirmer une extension à l’albuginée (membrane) des corps caverneux en cas de doute. Ces examens sont indolores, mais nécessitent une bonne expérience de l’opérateur. « La palpation des aires inguinales est systématique à la recherche de ganglions inguinaux palpables, en particulier au-dessous du pli de la cuisse« , poursuit le médecin. Un examen par tomodensitométrie ou une IRM peut être utile pour dépister des métastases inguinales passées inaperçues à l’examen clinique, en particulier chez les patients obèses

Peut-on soigner un cancer du pénis ? Comment ?

► La chirurgie (opération) constitue la principale méthode de traitement. La circoncision peut parfois suffire, mais une ablation partielle, voire totale, du pénis s’avère en principe nécessaire lorsque le cancer s’est déjà propagé. Il est par conséquent important de surmonter une éventuelle gêne et de consulter un médecin sans tarder en cas d’anomalie suspecte. Lorsque la tumeur a atteint un stade avancé et/ou formé des métastases dans les ganglions lymphatiques situés dans la région de l’aine, on retire les ganglions atteints ainsi que les ganglions avoisinants. « L’évaluation des aires ganglionnaires inguinale est absolument primordiale de la prise en charge initiale de la tumeur, insiste le spécialiste. Elle peut être réalisée par la technique du « ganglion sentinelle » qui vise à étudier le premier relais ganglionnaire. Il est prouvé que la prise en charge différée, lors de l’apparition d’une lésion ganglionnaire impacte directement la survie globale« .

► La chimiothérapie peut compléter le traitement en cas d’atteinte métastatique ganglionnaire fixée. Un protocole de recherche clinique est en cours afin de préciser sa place dans l’arsenal thérapeutique. Un soutien psychologique est indispensable à la prise en charge d’un cancer du pénis. « Les techniques préservatrices sont à privilégier dans la plupart des cas en respectant une marge de sécurité carcinologique de 3 mm, avec des reconstructions possibles permettant de préserver la fonction et un aspect cosmétique satisfaisant par des équipes formées à cette chirurgie« , rappelle le Dr Ferretti.

Habituellement, les visites de suivi sont d’abord semestrielles puis la fréquence diminue avec le temps. La durée du suivi est dans tous les cas de 5 ans minimum car 90 % des récidives sont dans les 5 premières années dont 75 % dans les 2 premières années.

Quelles sont les complications d’un cancer du pénis ?

Au niveau du pénis, les séquelles sont essentiellement psychologiques liées à la modification du schéma corporel et à l’investissement de cet organe masculin. Les complications liées au traitement peuvent être :

  • des complications urinaires par rétrécissement du canal urinaire,
  • des complications sexuelles par perte de longueur du pénis ou par insensibilité en cas de traitement par curiethérapie.
  • Au niveau des aires inguinales, les complications sont fréquentes du fait de l’anatomie particulière de cette région, mais restent mineures (accumulation ou écoulement de lymphe le plus souvent). 

Merci au Dr Ludovic Ferretti, membre du comité d’andrologie et médecine sexuelle de l’AFU (Association Française d’Urologie).

Source : Survie des personnes atteintes de cancer en France métropolitaine 1989-2018 – Pénis, Santé publique France


Source : JDF Santé