Cancer des amygdales : causes, symptômes, survie

Définition : qu’est-ce qu’un cancer des amygdales ?

« Les cancers des amygdales font partie des cancers de l’oropharynx, faisant eux-mêmes partie des cancers des voies aérodigestives supérieures (VADS)«  indique le Dr Nadia Benmoussa-Rebibo, médecin ORL à l’Institut Gustave Roussy. Les cancers des VADS arrivent en 4e position des cancers les plus fréquents en France, avec 15 000 nouveaux cas par an (surtout des hommes).

Les cancers de l’oropharynx et notamment ceux de l’amygdale sont en nette augmentation ces dernières décennies. Cette augmentation est causée par les papillomavirus (HPV) oncogènes. « Il existe deux types de cancers de l’amygdale : ceux liés à l’HPV et ceux qui ne le sont pas. Ces derniers sont favorisés par la consommation de tabac, de cannabis et d’alcool, précise le Dr Nadia Benmoussa-Rebibo. La prise en charge de ces deux types de cancers est différente« . Si le cancer des amygdales est lié à la prise de toxique un 2e cancer de la sphère ORL peut être associé (cancer synchrone).

Symptômes : douleurs, difficultés à manger, à déglutir…

Plusieurs signes peuvent faire évoquer un cancer des amygdales (qui touche en général une seule amygdale) :

  • « des difficultés à déglutir appelées odynophagie,
  • des difficultés à s’alimenter (dysphagie),
  • des douleurs au niveau de la gorge à type d’angine qui persistent dans le temps.
  • Plus rarement, le cancer de l’amygdale peut se manifester par une douleur à l’oreille (otalgie reflexe) du côté malade.
  • Il peut également y avoir l’apparition de ganglions cervicaux »

Causes : tabac, alcool ou papillomavirus (HPV)

« La consommation de tabac, d’alcool ou de cannabis est un facteur de risque du cancer de l’amygdale non induit par des HPV oncogènes. La consommation d’alcool et de tabac à un effet synergique, c’est-à-dire que leur consommation conjointe potentialise les risques de cancer« , informe le Dr Benmoussa-Rebibo. Ce type de cancer de l’amygdale touche plutôt les hommes de 50 à 60 ans. Le deuxième type de cancer de l’amygdale est lié à l’infection par les HPV. « Il peut toucher des profils plus jeunes » indique la spécialiste. En France, en 2015, 34 % des nouveaux cas de cancers de l’oropharynx sont attribuables à l’HPV (Institut National du Cancer).

Cancer des amygdales et papillomavirus

L’infection se produit par voie sexuelle lors de rapports oro-génitaux. Il s’agit d’une infection fréquente. Des études ont montré, qu’à un instant donné, environ 10% des hommes et 4% des femmes ont une infection oropharyngée à HPV. La majorité de ces infections oro-pharyngées à HPV sont éliminées par le système immunitaire. Seule une minorité persistent de nombreuses années et peuvent évoluer vers un cancer. Comme pour toute infection sexuellement transmissible, le risque d’infection s’accroît avec le nombre de partenaires sexuels et la précocité des premiers rapports.

Comment est posé le diagnostic ?

« En cas de suspicion d’un cancer de l’amygdale, une endoscopie est réalisée sous anesthésie générale » informe le Dr Benmoussa-Rebibo. Elle permet la visualisation directe de la lésion qui est parfois inconfortable à examiner en consultation, toutes les muqueuses des voies aérodigestives supérieures sont explorées au cours de cette endoscopie pour ne pas omettre une 2e lésion, cet examen est réalisé sous anesthésie générale et est appelée panendoscopie des VADS. « Les lésions suspectes font l’objet de biopsies pour confirmer ou non le diagnostic » décrit le médecin ORL. Si l’une d’entre elles est cancéreuse, un bilan d’extension est réalisé, c’est-à-dire la réalisation d’examens permettant de mettre en évidence l’existence d’autres localisations de cellules cancéreuses qui auraient migré dans les ganglions via la circulation lymphatique, ou des métastases dans d’autres organes.

Traitement : quelle chirurgie ou opération ?

« Le cancer de l’amygdale est traité par chirurgie ou par radio-chimiothérapie, parfois en association, explique le Dr Nadia Benmoussa-Rebibo. Les cancers HPV induits sont plus souvent traités par radiothérapie associée à de la chimiothérapie« . Cependant, la thérapeutique choisie dépend de plusieurs facteurs : état de santé du patient, position de la lésion et notamment son extension, les ganglions etc. « L’oropharyngectomie est la technique chirurgicale d’exérèse de ces cancers. Cette chirurgie peut être faite par voie mini-invasive à l’aide d’un robot, ce qui évite un abord cervical et donc une cicatrice apparente. Bien sûr, cette technique ne peut être proposée que si la structure possède cette technologie et les chirurgiens formés, précise notre interlocutrice. Cette chirurgie peut être suivie de radio-chimiothérapie. Si la taille de la lésion est importante, une technique de reconstruction par lambeau libre peut être nécessaire« .

Taux de survie et pronostic

« En règle générale, les taux de survie des cancers ORL sont de 60% à 5 ans. Ce pourcentage diffère en fonction des stades de la tumeur » informe le Dr Benmoussa-Rebibo. Les tumeurs HPV induites ont un meilleur pronostic. Le taux de survie à 5 ans est de 85 % en cas de cancer lié au seul papillomavirus (70 % en cas de tabagisme associé) contre 45 % en cas de cancer dû au tabac, à l’alcool et sans présence du papillomavirus.

Prévention pour éviter la récidive

Pour prévenir l’apparition d’un cancer des amygdales, et par extension de tous les cancers des VADS, il convient de supprimer l’exposition aux fumées de tabac et de cannabis et à l’alcool, en sachant que l’association tabac et alcool potentialise les risques. L’infection à HPV ne peut pas être prévenue par le port de préservatif. La seule façon de diminuer les risques d’infection est de ne pas multiplier les partenaires. « Nous n’avons pas encore assez de recul pour savoir si la vaccination des jeunes filles contre les papillomavirus en prévention du cancer du col de l’utérus va influencer la survenue de cancers de l’oropharynx » indique le Dr Nadia Benmoussa-Rebibo.

Merci au Dr Nadia Benmoussa-Rebibo, médecin ORL à l’Institut Gustave Roussy. Pour aller plus loin : Livret Cancers de l’oropharynx & papillomavirus oncogènes – Gustave Roussy


Source : JDF Santé