Le cancer de la gorge peut atteindre l’ensemble des voies aéro-digestives supérieures, c’est-à-dire les fosses nasales, la cavité buccale (langue, palais, gencive, lèvres), les amygdales, les cordes vocales (autrement appelées larynx ou glotte) et l’épiglotte. Ce cancer provoque des symptômes au niveau de la voix ou la déglutition. Il touche plus les hommes que les femmes et est le plus souvent diagnostiqués à partir de 50 ans. Comment diagnostiquer un cancer de la gorge ? Quels symptômes repérer ? Peut-on guérir d’un cancer de la gorge ? Quels sont les traitements ?
Définition : c’est quoi le cancer de la gorge ?
Le cancer de la gorge est plus communément appelé en médecine « cancer des voies aérodigestives supérieures« . Il atteint généralement le larynx et le pharynx. Sa fréquence de survenue est étroitement corrélée avec la durée d’exposition et la quantité de tabac et d’alcool consommée.
Quels sont les symptômes d’un cancer de la gorge ?
La plupart des cancers de la gorge se développent à partir de lésions précancéreuses qui n’ont pas été détectées. Les leucoplasies, les fibroses sous-muqueuses buccales, les érythroplasies ou encore les érythroleucoplasies représentent les états précancéreux de la bouche les plus courants. La difficulté pour détecter précocement une cancérisation de ces lésions réside dans le fait que le processus reste longtemps asymptomatique. Ce cancer a cependant des conséquences sur la déglutition, la parole et la respiration. « C’est la persistance inhabituelle dans le temps (plus de 3 semaines) de ces symptômes classiques qui doit, chez les patients à risque, faire suspecter un cancer », explique le Dr Antoine Moya-Plana, chirurgien ORL à Gustave Roussy. Parmi les symptômes qui peuvent évoquer un cancer de la gorge :
- changement de tonalité de la voix,
- toux,
- respiration difficile,
- déglutition douloureuse,
- douleurs au niveau de l’oreille,
- mal de gorge,
- adénopathie
► Nodule au niveau de la gorge. Un nodule est une petite masse arrondie qui se forme généralement juste sous la peau. Ils peuvent notamment se situer au niveau de la thyroïde ou sur les cordes vocales. Dans ce cas, on parle souvent de « nodules du chanteur« , car ils affectent fréquemment les interprètes professionnels. C’est le cas aussi dans d’autres professions où la voix est très sollicitée, comme les enseignants, les avocats, les maraîchers… Dans la très grande majorité des cas, le nodule est totalement bénin.
Peut-on guérir d’un cancer de la gorge ?
Les chances de survie en cas de cancer de la gorge dépendent essentiellement du stade du cancer. Si le cancer est au stade I, le taux de survie à 5 ans est supérieur à 80%. Si le cancer de la gorge est régional (stade II ou III), le taux de survie chute à 42 %. Il n’est plus que de 32 % lorsque le cancer de la gorge est au stade IV et qu’il y a des métastases. S’il est diagnostiqué précocement, le cancer limité aux cordes vocales a un pronostic de 90% de survie à 5 ans.
Quels sont les facteurs de risque du cancer de la gorge ?
Le tabagisme constitue le principal facteur de risque du cancer de la gorge. En association avec une consommation excessive d’alcool, le tabac s’avère particulièrement redoutable pour les voies aériennes supérieures. Néanmoins, d’autres facteurs extérieurs peuvent être responsables d’une prolifération de cellules cancéreuses. C’est le cas notamment de l’infection par le papillomavirus (HPV). « Ce virus, sexuellement transmissible, peut induire des cancers de l’oropharynx (amygdale, voile du palais, base de langue) », précise le médecin. On peut également citer l’exposition prolongée à des substances toxiques, le reflux gastro-œsophagien et la carence nutritionnelle. Ces cancers touchent plus les hommes que les femmes et sont le plus souvent diagnostiqués à partir de 50 ans.
Comment diagnostiquer un cancer de la gorge ?
En cas de suspicion d’un cancer des voies aéro-digestives supérieures, une endoscopie de cette zone du corps est pratiquée sous anesthésie générale. On introduit dans la gorge un tube rigide pour explorer les voies aériennes et digestives et prélever les tissus suspects pour les analyser (biopsie). « Le diagnostic du cancer est établi si l’on trouve des cellules cancéreuses dans les prélèvements, poursuit le spécialiste. En cas de cancer avéré, d’autres examens, sont nécessaires pour évaluer l’extension de la maladie : scanner cervico-facial, scanner du thorax, IRM, PET-scan. »
Quels sont les différents stades du cancer de la gorge ?
La stadification des cancers de la gorge et du larynx s’appuie sur la classification TNM. Comme n’importe quel cancer, le cancer de la gorge peut être diagnostiqué à un stade plus ou moins avancé. Plus le cancer s’étend, plus le stade est important et plus les chances de survie diminuent.
► Le stade I est un cancer localisé et peu étendu. Qu’il s’agisse d’une tumeur de la gorge sous glottique ou sus-glottique, elle ne touche ni les ganglions lymphatiques du cou ni d’autres zones du corps.
► Au stade II, la tumeur concerne plus d’une seule zone.
► Au stade III, les cordes vocales ont perdu une partie de leur mobilité ou la tumeur s’est étendue aux tissus avoisinants.
► Au stade IV, les ganglions lymphatiques sont touchés, le cancer est étendu et des métastases ont fait leur apparition.
Si le cancer est au stade I, le taux de survie à 5 ans est supérieur à 80%.
Quels sont les traitements d’un cancer de la gorge ?
La prise en charge du cancer de la gorge va être décidée par une équipe médicale pluridisciplinaire (chirurgien ORL, anesthésiste, radiothérapeute, radiologue, oncologue) en fonction de la nature de la pathologie et de son stade d’évolution. Plusieurs chirurgies possibles :
► Ablation de la tumeur par chirurgie endoscopique. (que pour les cordes vocales). Si le cancer en est encore débutant, le médecin peut détruire les cellules cancéreuses avec ou sans laser.
► La laryngectomie partielle consiste à enlever la partie du larynx atteinte par la tumeur. Cette intervention peut affecter la parole et les facultés respiratoires, mais il existe des techniques de reconstruction du larynx qui permettent de limiter les séquelles.
► La cordectomie consiste à n’enlever qu’une partie de la corde vocale touchée.
► La pharyngectomie consiste à retirer une partie du pharynx. On peut ensuite reconstruire l’organe afin de limiter les séquelles et assurer une déglutition normale.
► La laryngectomie totale. Si le cancer est avancé, il faut parfois retirer le larynx au complet et pratiquer une ouverture dans le cou reliée à la trachée pour assurer l’entrée d’air aux poumons (une trachéostomie). Après une telle intervention, la personne opérée doit réapprendre à parler avec l’aide d’un orthophoniste.
► Le curage ganglionnaire. Si les ganglions sont atteints ou dans certaines formes de cancer à risque, il est nécessaire de retirer les ganglions lymphatiques au cours de la même opération que l’ablation de la tumeur pharyngo-laryngée.
Une radiothérapie complémentaire pour détruire les éventuelles cellules cancéreuses résiduelles peut être indiquée. En cas de contre-indication de la chirurgie, le recours à la radiothérapie est généralement réalisé. « Certains médicaments visent des aspects particuliers des cellules cancéreuses pour les empêcher de croître. Le cétuximab (Erbitux®) est l’un des médicaments approuvés pour le traitement du cancer de la gorge. Ce type de médicament peut être utilisé en complément de la radiothérapie et de la chimiothérapie », détaille le spécialiste. En cas de chirurgie, une période de rééducation par un(e) orthophoniste est souvent nécessaire pour retrouver au mieux les capacités de manger, boire et parler. En cas de radiothérapie, il est nécessaire de porter une attention particulière à l’hygiène dentaire quotidienne et de consulter un dentiste régulièrement.
Réalisé en collaboration avec le Dr Antoine Moya-Plana, chirurgien ORL à Gustave Roussy.
Source : JDF Santé