Dans 70 à 80 % des cas, la désensibilisation permet de diminuer nettement les symptômes de l’allergie. Celle-ci est réalisée par injection sous-cutanée sous contrôle médical ou par prise sublinguale, selon les résultats du bilan allergologique. Quelles allergies ? Les pollens ? Les acariens ? Les allergies alimentaires (cacahuète, fruits…) ? Poils de chats, de chiens ? Comment ça se passe concrètement ?
Quelle est la définition d’une désensibilisation à une allergie ?
La désensibilisation est une méthode de traitement des allergies qui consiste à réhabituer l’organisme à tolérer l’allergène mis en cause. « Cela se fait après une phase initiale d’administration de doses croissantes d’allergènes purifiés, jusqu’à obtention de la dose maximale efficace qui permettra cette induction de tolérance pour obtenir à terme une réduction voire une disparition de la sensibilisation à l’allergène, explique le Dr Eric Thomas, allergologue cutané. L’allergique présentera alors des symptômes nettement réduits voire disparus en présence du ou des allergènes auxquels il est sensible« .
Pour quelles allergies peut-on être désensibilisé ?
Toutes les allergies ne peuvent éligibles à la désensibilisation. Ce traitement ne peut être proposé que dans le cas :
- Des allergies aux pollens (arbres, graminées, herbacées)
- Des allergies aux acariens (domestiques, agricoles)
- Des allergies aux moisissures
- Des allergies à certains animaux (chat, chien) et aux venins d’hyménoptères (guêpes, abeille).
Plusieurs allergènes peuvent être employés lors d’une désensibilisation. Certains allergènes alimentaires invalidantes (lait, arachide, fruits à coque) peuvent également être traités mais les résultats sont inconstants.
Pour se désensibiliser d’une allergie aux pollens ?
La désensibilisation (ou immunothérapie spécifique) peut être indiquée pour les allergies aux pollens. Elle consiste à administrer, pendant plusieurs années, des extraits d’allergènes (en l’occurrence des extraits du ou des pollen(s) auxquels vous réagissez) à doses progressives, de façon à stimuler le système immunitaire et à rendre la personne tolérante à la substance. Cela permet de rétablir durablement une réaction normale de l’organisme lorsqu’il au contact du pollen allergisant et donc l’absence de symptômes. La désensibilisation est possible chez l’adulte et chez l’enfant à partir de 5 ans et peut être proposé aux patients :
- Si on a identifié (avec des tests cutanés et un bilan sanguin) le ou les pollens en cause.
- Si les symptômes restent gênants malgré la prise des traitements symptomatiques.
- Si vous êtes dans cette situation, vous pouvez prendre rendez-vous chez l’allergologue pour déterminer l’utilité de ce type de traitement pour vous ou pour votre enfant.
Pour se désensibiliser d’une allergie aux acariens ?
L’immunothérapie spécifique (désensibilisation) aurait fait ses preuves depuis de nombreuses années indique un article de La Revue médicale Suisse. L’immunothérapie spécifique sous-cutanée (SCIT) par des extraits d’acariens est le seul traitement qui puisse guérir une rhinite ou un asthme allergique aux acariens. Elle permet chez les enfants monosensibilisés de limiter le développement de nouvelles sensibilisations à d’autres aéroallergènes. Finalement, elle peut prévenir l’aggravation des symptômes comme l’apparition d’un asthme chez un patient atteint uniquement de rhinite. L’immunothérapie sublinguale (SLIT) pourrait aussi être efficace, même si les résultats des études sont contradictoires (l’efficacité de la désensibilisation dépend du taux d’allergènes administré).
Comment se passe une désensibilisation ? Combien de temps ?
La désensibilisation s’étale sur une durée de 3 à 5 ans. Il existe deux modes d’administration différents :
► La voie sublinguale (désensibilisation sous la langue) : cette méthode, utilisée désormais dans plus de 8 cas sur 10, consiste à déposer quelques gouttes ou comprimés sous la langue puis à les laisser fondre pendant deux minutes sans avaler. Le traitement se prend périodiquement à domicile selon un protocole prescrit par l’allergologue, selon la tolérance du patient au traitement.
► Les injections (désensibilisation sous forme d’injections) : méthode la plus connue et la plus ancienne, la désensibilisation sous forme d’injections consiste à injecter de l’extrait allergénique dans le haut du bras avec des seringues et de fines aiguilles. L’injection se fait à rythme mensuel en moyenne. « Elle doit être réalisée par un médecin ou par une infirmière sous surveillance médicale, précise le Dr Thomas. Actuellement en France cette forme d’administration est limitée aux venins d’hyménoptères (guêpes, abeille)« .
Qui consulter pour faire une désensibilisation ?
L’allergologue est l’interlocuteur incontournable pour le choix et le suivi.
Quelle est l’efficacité d’une désensibilisation ?
Dans 70 à 80 % des cas, la désensibilisation permet de diminuer nettement les symptômes de l’allergie. « De nombreuses études ont démontré l’effet préventif d’apparition d’un asthme ainsi que la prévention de sensibilisations secondaires à d’autres allergènes« , ajoute notre expert.
Combien de temps durent les effets d’une désensibilisation ?
S’il varie d’une personne à l’autre, il est constaté un effet bénéfique à long terme du traitement. Il arrive que des cures de rappel saisonnières soient indiquées sur quelques années, si les symptômes reviennent persistants sur des périodes prolongées.
Quels sont les dangers et les effets secondaires d’une désensibilisation ?
Une intolérance bucco-pharyngée (démangeaisons buccales, linguale, pharyngée) voire un gonflement labial peut s’observer, devant laquelle une adaptation de dose peut être proposée. Des épisodes de toux, rechute de rhinite voire asthme ou urticaire sont exceptionnels. « A ce jour, aucune réaction sévère documentée n’a été observée. De nombreuses études ont montré en général une tolérance des vaccins allergéniques chez une majorité de patients« , précise l’allergologue.
Chez qui la désensibilisation est contre-indiquée ?
Une désensibilisation n’est en principe pas proposée :
- en cas de maladies auto-immunes ou de cancers (selon un principe de précaution),
- chez les enfants de moins de 5 ans (la prise correcte n’est pas garantie).
- elle sera interrompue en cas de mauvaise tolérance après plusieurs essais par le patient (souvent corrélée à une inefficacité), en cas d’inefficacité au bout d’1 an de traitement, et également en cas d’inobservance régulière (qui ne peut pas garantir l’efficacité). Dans ces 3 situations la voie injectable pourrait être une alternative.
Merci au Dr Eric Thomas, allergologue cutané au DermoMedicalCenter.
Source : JDF Santé