Buddha Blue (PTC) : quels sont les effets de cette drogue ?

[Mise à jour le 21 février 2023 à 11h24] Le « Buddha Blue », aussi surnommé PTC pour « Pète Ton Crâne », est une drogue de synthèse apparue il y a quelques années dans le Finistère (Bretagne) et qui séduit de plus en plus d’adolescents. Disponible à l’achat sur Internet pour une dizaine d’euros, ce cannabinoïde de synthèse se trouve sous forme de liquide à inhaler dans les cigarettes électroniques et imite les effets psychoactifs du THC. Le PTC est une drogue incolore et inodore que les tests salivaires classiques (pour la consommation de THC notamment) ne détectent pas. Le Buddha Blue est pourtant lié à de graves effets secondaires et déjà responsable de plusieurs hospitalisations. Trois lycéens de Sucy-en-Brie (Val-de-Marne) ont été hospitalisés après en avoir consommé rapporte BFM-TV le 10 février 2023 et une lycéenne de Tarbes (Hautes-Pyrénées) âgée de 15 ans a été hospitalisée en avril 2022 à cause du Buddha Blue rapportait La Nouvelle République des PyrénéesDeux cas d’overdose mortelle ont par ailleurs été recensés en Europe, informe Grégory Lange, de l’Association nationale de prévention en alcoologie et addictologie. En France, aucun décès n’a pour le moment été rapporté. Comment se consomme le Buddha Blue ? Quels sont les effets du PTC ? Est-ce que le PTC est légal ?

Définition : c’est quoi le Buddha Blue ?

Produit en Chine et en Inde, le Buddha Blue est un cannabinoïde de synthèse qui, à la différence du cannabis, n’est pas issu d’une plante et ne contient pas de THC mais des molécules qui en imitent les effets. Ses dosages sont difficiles à maîtriser et ses effets, même à des faibles doses, sont la plupart du temps beaucoup plus puissants que ceux du cannabis naturel.

Quels sont les effets du Buddha Blue (PTC) ?

La consommation de Buddha Blue commence par relaxer et « faire planer ». Euphorie, détente et sentiment de joie sont notamment les effets attendus. « Selon moi, les effets de cette drogue sont plus proches de ceux du LSD ou de la kétamine que ceux du cannabis. Parmi les témoignages des ados normands qui ont consommé du Buddha Blue ou les personnes qui se sont exprimées sur les forums, beaucoup disent qu’ils ne savaient pas ce qu’ils fumaient et qu’ils tiraient des bouffées les unes à la suite des autres sans trop faire attention. Et puisque les effets arrivent brutalement, ils se sont retrouvés coincés dans un terrible bad trip, un cauchemar qu’ils ne pouvaient pas arrêter et dans lequel ils étaient conscients« , décrit l’addictologue.

« Les effets de cette drogue sont proches du LSD ou de la kétamine. »

Sans compter que « comme il n’y a ni législation ni contrôle sur ces produits, les fabricants, qui les vendent au marché noir, ne mentionnent pas toujours sur les emballages qu‘il ne faut pas en prendre plus de 3 bouffées. Résultats : ces produits sont extrêmement surdosés. » 

Quelle est la composition du Buddha Blue ?

« On estime que ce produit serait composé d’un cannabinol de synthèse équivalent à une concentration en THC de 95%. Mais on ignore encore beaucoup de choses sur ce produit, si des analyses ont été menées et dans quelles conditions elles ont été réalisées. En comparaison, les joints de nos parents contenaient 6 à 8% de THC. Aujourd’hui, le cannabis que l’on trouve en France a une concentration en THC de 15 à 16%. Alors, avec un équivalent de 95% de THC, on peut facilement imaginer que les effets sont colossaux », relate Vincent Villiers, addictologue et hypnothérapeute spécialiste de la dépendance au cannabis. A noter que certains symptômes peuvent persister jusqu’à 24h après la prise. 

Comment consommer le Buddha Blue ?

Inodore et incolore, cette substance au goût séduisant se trouve sous forme de liquide à vapoter pour cigarette électronique. On peut également le pulvériser sur des herbes afin d’imiter le cannabis. Peu chère, elle peut être commandée sur Internet pour quelques dizaines d’euros et se trouve sous diverses appellations : Buddha Blue, Blue, Spice, Legal Eye, K2… 

Quels sont les effets secondaires du Buddha Blue (PTC) ?

Mais pendant la phase de « montée », le consommateur peut aussi ressentir des effets indésirables tels que :

  • faim
  • bouffées de chaleur
  • violents maux de tête
  • détresse respiratoire
  • tachycardie (le cœur bat très rapidement voire de façon irrégulière)
  • hallucinations
  • paralysie
  • crises de paranoïa et sorties de corps
  • perte de mémoire

Depuis un arrêté du 31 mars 2017, le Buddha Blue (qui correspondrait au cannabinoïde 5F-AKB-48) est classé sur la liste des stupéfiants. Sa vente et son utilisation sont donc illégales.

Que faire en cas d’intoxication au Buddha Blue (PTC) ?

En cas de crise d’anxiété ou d’attaque de panique, il est conseillé de s’asseoir, de mettre la tête en bas puis de respirer régulièrement et lentement. En cas de symptômes plus graves (comportement délirant, détresse respiratoire, hallucinations, tachycardie, crise de paranoïa…), appelez le 15 pour demander une assistance médicale. Ne conduisez surtout pas après avoir consommé cette substance. 

Peut-on être addict au Buddha Blue (PTC) ?

En théorie, plus la teneur d’un produit en THC est élevée, plus l’effet addictif est important. « Or, puisque les effets du Buddha Blue sont extrêmement puissants, tester cette drogue de synthèse génère souvent de l’angoisse. Peu de monde vit bien cette expérience hallucinatoire et peu de monde veut la réitérer« , explique Vincent Villiers. Autrement dit, à cause des effets violents voire traumatisants de cette substance, son effet addictif resterait donc modéré. 

Que faire si mon ado consomme du Buddha Blue (PTC) ?

« En addictologie, on ne parle pas de « dépendance » pour les adolescents, mais plutôt de « conduite addictive » puisqu’on estime que le cerveau des adolescents n’est pas encore terminé d’un point de vue structurel. C’est à un âge un peu plus avancé qu’on peut parler d’un phénomène de dépendance. Par ailleurs, la plupart des adolescents qui présentent des conduites addictives vont les abandonner à l’âge adulte. En revanche, il y a matière à s’inquiéter quand il y a suspicion de conduite addictive, quand l’ado se désociabilise, que ses notes chutent à l’école ou que son comportement change (agressivité, repli sur soi, manque de confiance, vulnérabilité, perte d’appétit…)« , explique notre interlocuteur. Pour aider un jeune à abandonner ses conduites addictives, des consultations jeunes consommateurs (CJC) sont dispensés par des professionnels dans certains Centres de soins, d’accompagnement et de prévention en addictologie (CSAPA) ou dans des lieux spécialisés dans l’accueil des jeunes (Maisons des adolescents, Points accueil écoute jeunes). Il s’agit d’une méthodologie adaptée pour accompagner les ados dans leur conduite addictive à l’égard des substances tel que le cannabis et de leur proposer une aide avant que leur consommation ne devienne problématique. L’ado peut s’y rendre seul ou être accompagné d’un proche ou de ses parents. 

Merci à Vincent Villiers, addictologue et hypnothérapeute spécialiste de la dépendance au cannabis. 

Sources :

– Système d’identification des substances à l’Observatoire français des drogues et des toxicomanies (OFDT)

– Drogues Infos Services, l’Association Nationale de prévention en Alcoologie et en Addictologie de Normandie

– Drogues.gouv.


Source : JDF Santé