La brucellose est une maladie infectieuse due à la bactérie Brucella. Elle peut être transmise à l’homme par la consommation de produits laitiers non pasteurisés ou par contact avec des animaux infectés. Toutefois, les cas sont extrêmement rares en France et ne sont pas contractés dans l’Hexagone la plupart du temps. La surveillance des animaux est contrôlée et la brucellose répond bien au traitement antibiotique.
Qu’est-ce que la brucellose ?
« La brucellose est une maladie infectieuse liée à une bactérie de genre Brucella, indique le Docteur Armelle Pasquet-Cadre, infectiologue et responsable du pôle Dispositif de crise et animation scientifique au sein de l’ANRS (Inserm). Cette bactérie, d’origine animale, est transmissible à l’homme. Lorsqu’une maladie est transmise de l’animal à l’homme, nous parlons de zoonose. La brucellose est très peu répandue en France : c’est une maladie qui affecte essentiellement l’Europe, les pays méditerranéens et les Balkans. Au niveau mondial, environ 500 000 cas sont signalés par an. En France, selon le dernier rapport de Santé Publique France datant de 2020, 19 cas de brucellose ont été répertoriés dont 13 importés (maladie non contractée en France). Officiellement, la France est indemne de la brucellose bovine depuis 2005« , précise l’infectiologie.
Est-elle possible chez l’homme ?
La brucellose est en effet transmissible à l’être humain. L’homme la contracte aux contacts d’animaux infectés (sujets professionnellement exposés comme les éleveurs) ou en consommant des produits laitiers crus non pasteurisés. Le réservoir de la maladie est principalement animal : « les animaux réservoirs sont principalement les bovins, les ovins, les caprins et les porcins« , cite le Docteur Pasquet-Cadre. Et de préciser que la bactérie Brucella « peut survivre plusieurs mois dans le milieu extérieur« .
Comment se transmet la brucellose ?
Au contact d’un animal infecté, la brucellose se transmet de plusieurs manières :
- par pénétration cutanée (contact direct cutané)
- de façon indirecte, par la sphère digestive.
- « en consommant des produits non pasteurisés, des produits à base de lait cru ou des crudités non lavées ayant poussé au contact du fumier humide contaminé par des déjections d’animaux infectés« .
Quels symptômes entraînent une brucellose ?
« Lorsque l’on contracte une infection, le patient présente une première phase d’incubation de 15 jours en moyenne. Dans 90 % des cas, cette phase est asymptomatique« . Le Docteur Pasquet-Cadre explique ensuite que la brucellose se développe en trois phases.
► La première phase est la brucellose aiguë, dont le principal symptôme est la fièvre intermittente, associée à des sueurs nocturnes. Pour autant, cette première phase peut aussi passer inaperçue.
► La seconde phase est la phase subaiguë : dans 20 à 40 % des cas, la brucellose entraîne des symptômes de type inflammatoire. Il peut s’agir d’inflammation articulaire, d’une inflammation des disques vertébraux ou d’inflammation plus sévère au niveau des articulations.
► Enfin, dans de très rares cas, la troisième phase a lieu. Les symptômes se développent sur le long terme et la brucellose prend une forme chronique. Elle se caractérise par des troubles articulaires, des problèmes neuro-méningés, un état de grande fatigue physique et psychique ainsi que des douleurs musculaires. Le terme médical regroupant ces symptômes est nommé « état de patraquerie« .
Comment pose-t-on le diagnostic d’une brucellose ?
La première étape consiste à rechercher la présence de la bactérie dans le sang ou dans le liquide articulaire. « Dans la première phase aiguë ou dans la seconde phase subaiguë, nous recherchons la bactérie dans le sang via l‘hémoculture, ou dans des sites cibles de l’infection chez les patients ayant des arthrites par exemple, poursuit l’infectiologue. Après 15 jours, nous procédons à des tests sérologiques. Ici, nous recherchons la trace de l’infection, notamment les anticorps (mémoire du corps), qui témoignent que l’organisme s’est défendu contre cet agent pathogène. Ces tests sont une manière indirecte de trouver la brucellose« . Il existe le test d’amplification génique, de type test PCR, pouvant réaliser une séquence génique spécifique d’un virus ou d’une bactérie.
Quel traitement pour soigner une brucellose ?
Selon le Docteur Pasquet, au début, pour traiter la brucellose, deux antibiotiques sont associés. L’antibiotique de référence est la cycline, efficace sur différents germes dont Brucella, en bloquant la synthèse des protéines de la bactérie. Le traitement est long : dans les formes les plus aiguës, le traitement peut durer jusqu’à 6 semaines et lorsque l’infection touche les articulations, le traitement dure au moins trois mois. Les anti-inflammatoires ne sont pas indiqués dans le cas de la brucellose, car les inflammations sont causées par l’infection bactérienne.
La brucellose est-elle mortelle ?
Dans de très rares cas, si la brucellose n’est pas soignée, la maladie peut être mortelle. Comme nous le précise l’infectiologue, « la bactérie passe dans le sang, la rendant potentiellement responsable d’une septicémie ou d’une infection cardiaque pouvant être grave. Toutefois, si elle est soignée à l’aide d’antibiotiques, la brucellose n’est pas mortelle, car les patients répondent bien au traitement. »
Des conseils de prévention pour s’en protéger ?
Le Docteur Pasquet tient à rappeler que des règles d’hygiène et de sécurité existent
- Porter des gants ou bien se laver les mains en cas de contacts avec les animaux (vétérinaires ou éleveurs) :
- Dépister rapidement les cas suspects
- Consommer des produits laitiers ayant subi une stérilisation ou une pasteurisation
- En voyage en zone endémique, il convient d’éviter le contact avec le bétail, les produits à base de lait cru et les crudités mal lavées
Existe-t-il un vaccin contre la brucellose ?
Pour l’heure, il n’existe pas de vaccin contre la brucellose pour l’homme. Quant à la vaccination des animaux, elle n’est pas recommandée en France pour le moment, car le vaccin peut empêcher la bonne détection de la maladie. « Les élevages de bovins, ovins et caprins sont régulièrement contrôlés par des dépistages sérologiques et le sont annuellement pour les élevages fabriquant des produits au lait crus« , rassure notre interlocutrice.
Merci au Docteur Armelle Pasquet-Cadre, médecin infectiologue et responsable du pôle Dispositif de crise et animation scientifique au sein de l’ANRS (Inserm)
Source : JDF Santé