Bout des doigts blanc : un syndrome de Raynaud ?

Vos doigts sont très rapidement blancs au bout quand il fait froid ? Vous avez peut-être ce que l’on appelle le syndrome, maladie ou plutôt « phénomène de Raynaud« . Cette affection caractérise un trouble de la circulation sanguine. Quelles sont les causes ? Que faire ? Faut-il consulter ? Explications avec notre dermatologue.

Qu’est-ce que la maladie de Raynaud ?

On parle de « syndrome de Raynaud » mais « le vrai terme est ‘phénomène de Raynaud’ qui est la description clinique », annonce d’emblée le Dr Jean-Benoît Monfort, dermatologue et membre de la Société Française de Dermatologie (SFD). Il s’agit d’un trouble de la circulation du sang affectant les extrémités. « Les doigts sont les plus souvent atteints, plus rarement les orteils et de façon exceptionnelle les oreilles ou le nez » précise le médecin. On distingue :

  • « La maladie de Raynaud qui est la cause dite ‘primitive’, c’est-à-dire sans cause sous-jacente, 
  • Le phénomène de Raynaud qui est un symptôme secondaire à des maladies sous-jacentes. »

« Il s’agit d’une hyper-réactivité de la microcirculation lors d’une exposition au froid«  poursuit le Dr Monfort. Dans ce cas, les vaisseaux qui irriguent la périphérie du corps présentent une diminution de leur diamètre, c’est ce qu’on appelle une « vasoconstriction« . Ceci permet que le maximum de sang puisse être envoyé en priorité aux organes vitaux qui sont privilégiés comme le cœur, les poumons et le cerveau. La circulation sanguine qui irrigue ces extrémités est ainsi ralentie expliquant ainsi leur refroidissement. Chez une personne présentant la maladie de Raynaud, le resserrement des artères est excessif et diminue la circulation sanguine.

Quelles sont les causes de la maladie de Raynaud ?

« La maladie de Raynaud n’a pas de réelle cause. Elle arrive typiquement chez la jeune femme, avec souvent un contexte familial [souvent héréditaire] », continue Jean-Benoît Monfort. La maladie de Raynaud, bénigne, représente plus de 80% des cas. Dans des cas plus rares, le phénomène de Raynaud peut être secondaire à des « maladies auto-immunes (sclérodermie systémique, lupus), la prise de certains médicaments (beta bloquants, tryptans utilisés pour les migraines) ou drogues (cocaïne), des causes professionnelles (maladie des engins vibrants chez l’homme utilisant régulièrement un marteau-piqueur), des cancers (à redouter chez l’homme typiquement, fumeur), mais aussi certaines maladies du sang (hémopathies malignes, gammapathies monoclonales) ou des pathologies endocriniennes (hypothyroïdie, acromégalie)« .

« Les doigts sont blancs puis rouges »

Quels sont les symptômes caractéristiques ?

« Les doigts deviennent brutalement blancs avec une sensation d’engourdissement. Ce critère est indispensable. Parfois, ils deviennent ensuite bleus puis après réchauffement ils deviennent rouges, secondairement à une vasodilatation réflexe, avec sensation de fourmillements », explique Jean-Benoît Monfort. L’ensemble de ces troubles est réversible. Une crise peut durer de quelques minutes à quelques heures.

Schéma du phénomène de Raynaud
Schéma de la maladie de Raynaud © rumruay – stock.adobe.com

Comment diagnostiquer la maladie de Raynaud ?

Le diagnostic est clinique. « Il se fait via un interrogatoire du patient et parfois grâce aux photos qu’il a amenées. » D’éventuels examens complémentaires seront menés, comme des tests sanguins pour rechercher certaines maladies auto-immunes et une capillaroscopie, examen indolore qui permet l’étude des vaisseaux capillaires de la peau. « Si ces deux examens sont normaux, alors il s’agit d’un phénomène de Raynaud primitif, sans maladie sous-jacente, qui ne nécessite pas d’être suivi. » Par ailleurs, ces examens permettront de ne pas confondre le phénomène de Raynaud avec l’acrocyanose, très fréquente, qui se manifeste aussi par des doigts bleutés l’hiver. « Cette pathologie se développe aussi chez la jeune femme mince classiquement. Elle est parfaitement bénigne et ne nécessite aucun bilan », rassure Jean-Benoît Monfort.

Quels sont les traitements de la maladie de Raynaud ?

« Tout phénomène de Raynaud doit être exploré »

Il n’existe pas de traitement définitif pour guérir ces affections. Les personnes affectées par la maladie de Raynaud ne prennent même jamais de médicaments, à la différence de celles affectées par le phénomène de Raynaud secondaire. « Les inhibiteurs calciques sont alors utilisés en première intention. Ce sont des médicaments utilisés habituellement pour l’hypertension artérielle. Ils permettent de dilater les petits vaisseaux et soulagent bien les symptômes. Dans les cas sévères, des perfusions par voie veineuse sont réalisées à l’hôpital », développe Jean-Benoît Monfort. Par ailleurs, pour les personnes atteintes de la maladie de Raynaud, des choses simples peuvent et doivent être mises en place. « La protection contre le froid est indispensable : ports de gants, petites chaufferettes à mettre dans la poche… Il faut aussi protéger les bras et le tronc, donc porter des vêtements chauds.« 

Quand consulter ?

Consultez votre médecin traitant dès l’apparition de ce phénomène, pour qu’il puisse vous diriger vers un dermatologue ou un médecin vasculaire. « Tout phénomène de Raynaud doit être exploré, même s’il est d’allure bénigne chez une jeune femme » confirme Jean-Benoît Monfort.

Quand s’inquiéter ?

Un phénomène de Raynaud est inquiétant lorsqu’il arrive après 35 ans environ, qu’il touche l’homme, une seule main ou bien lorsqu’il s’accompagne de petites ulcérations spontanées du bout des doigts. Dans ces cas, « la prise en charge doit être rapide car il y a très probablement une maladie sous-jacente dont le phénomène de Raynaud est une des manifestations ».

Prévention

Le phénomène de Raynaud s’améliore en cas de prise de poids et a tendance à s’améliorer avec l’âge lors des formes primitives. Par ailleurs, l’arrêt du tabac est obligatoire, car il est toxique pour les vaisseaux sanguins et favorise le vasospasme. « Il n’y a aucun moyen de prévenir de le phénomène de Raynaud en dehors d’éviter de fumer. Une fois atteint, le meilleur moyen reste la prévention contre le froid », conclut Jean-Benoît Monfort.

Merci au Dr Jean-Benoît Monfort, dermatologue et membre de la Société Française de Dermatologie (SFD).


Source : JDF Santé