Attention aux chenilles épineuses, leur venin peut être mortel

Une étude parue le 23 février dans le Public Library of Science (PLOS) met en garde contre les chenilles Lonomia, qui constituent « une grave menace pour la santé humaine« . Leur venin est mortel pour l’Homme si la prise en charge n’est pas immédiate. Elles sont répandues principalement en Amérique du Sud et en Guyane françaiseplusieurs cas d’envenimation mortelle (transmission de venin à un humain) sont rapportés chaque année. Ces chenilles tueuses appartiennent à l’espèce Lonomia et avant l’étude, deux sous-catégories de cette espèce avaient été recensées : Lonomia achelous et Lonomia obliqua. La chenille Lonomia est un genre de papillon nocturne. Les chenilles de Lonomia vivent en colonie, par groupe de plus de 50 espèces. Elles sont inactives la journée, statiques sur des troncs d’arbres et « se réveillent » la nuit pour se nourrir des feuilles des arbres. 

Colonie de chenilles Lonomia
Colonie de chenilles Lonomia © Leonardo-Adobestock

Le venin cause un syndrome hémorragique sévère

Les épines qui recouvrent leur corps contiennent du venin hémotoxique pour l’Homme. Il provoque un syndrome hémorragique sévère avec :

  • hémorragie diffuse
  • insuffisance rénale
  • lésions cérébrales
  • le décès dans les cas les plus graves

« L’envenimation par Lonomia obliqua peut être considérée comme un facteur de risque important pour le développement d’une insuffisance rénale aigue potentiellement mortelle, ainsi que pour le développement d’une insuffisance rénale chronique » souligne une étude publiée en 2006. Les accidents impliquant des humains proviennent lorsque la peau humaine entre en contact avec la colonne vertébrale de la chenille qui libère alors son venin. Ils surviennent généralement en journée lorsque des personnes se retrouvent en contact avec les chenilles au repos contre les arbres. Les chercheurs ont également remarqué que les chenilles Lonomia, à l’origine situées dans les zones forestières, se déplacent petit à petit vers les milieux urbains, près des maisons ou des plantations de palmiers à huile, ce qui pourrait en faire « un risque professionnel« . Par ailleurs, les changements climatiques à venir, et notamment la déforestation en Amérique tropicale, augmenteront le risque d’accidents avec ces chenilles venimeuses pour les populations humaines.

​​​​​​60 espèces de chenilles venimeuses découvertes

Il existe au moins quatre espèces de Lonomia présentes en Guyane française

Au Brésil, le ministère de la Santé a rapporté 1 930 cas entre 2001 et 2006 d’envenimation par les chenilles de Lonomia. En Colombie, le premier décès date de l’année 2000 et depuis, environ 10 cas par an sont signalés à l’Institut national de la santé Des décès ont également touché le Pérou, l’Argentine et la Guyane française. En Guyane française, trois cas d’envenimation par Lonomia ont été signalés au cours des 25 dernières années. « Nos résultats révèlent qu’il existe au moins quatre espèces de Lonomia présentes en Guyane française » indiquent les chercheurs. Ils ont découvert qu’il n’existe pas seulement 2 sous-espèces des chenilles Lonomia, mais 60 espèces dont 7 sont fortement suspectées ou connues pour causer des envenimations graves chez l’homme. « Le nombre d’espèces décrites au cours de la dernière décennie au sein du genre [Lonomia] a augmenté de 300% ce qui indique que la diversité du genre a été sous-estimée. […] L’inflation du nombre d’espèces du genre et la découverte que d’autres espèces sont également susceptibles d’être très venimeuses suggère qu’il est peu probable que les deux espèces [à date reconnues] soient les seules espèces impliquées dans les cas d’envenimation humaine » précisent les chercheurs de l’étude.

Un antivenin a fait ses preuves au Brésil

« Grâce aux informations fournies [par l ‘étude], les autorités sanitaires peuvent accroître la surveillance dans les zones à risque et concevoir des stratégies de réponse adéquates englobant l’énorme diversité des espèces [de chenilles tueuses]. Bien que les accidents avec des chenilles venimeuses ne soient pas (encore) considérés comme des maladies tropicales négligées, leurs schémas épidémiologiques correspondent à ceux-ci, en ce sens qu’ils affectent les communautés appauvries et font face à de grands défis en matière de diagnostic et de traitement » concluent les chercheurs qui insistent sur la nécessité de poursuivre les recherches sur le sujet. Il existe actuellement un antivenin produit au Brésil qui a fait ses preuves sur les deux sous-espèces référencées antérieurement à la publication de l’étude. Mais aucune donnée ne prouve actuellement qu’il est adapté aux nouveaux genres de chenilles Lonomia découvertes.

Sources :

– Les chenilles mortelles et venimeuses de Lonomia sont plus que les deux suspects habituels, Public Library of Science (PLOS), 23 février 2023

– Insuffisance rénale aiguë provoquée par la toxine des chenilles de l’espèce Lonomia obliqua, Toxicon, janvier 2006


Source : JDF Santé