En vidéo sur YouTube, en podcast ou ailleurs, vous avez sûrement déjà entendu parler de l’ASMR ? Si on traduit, l’ASMR signifie « Réponse sensorielle méridienne autonome« . Concrètement, c’est une technique de relaxation déclenchée par un stimulus sensoriel généralement visuel ou auditif (bruits de nourriture, d’eau, de clapotis…). Quels sont les bienfaits (réels) de l’ASMR ? Est-ce que ça marche chez tout le monde ? Comment ça fonctionne ? Comment le pratiquer tout seul ?
Qu’est-ce que ça veut dire ASMR ?
ASMR vient de l’anglais « Autonomous Sensory Meridian Response » que l’on pourrait traduire plus justement en français par « Réponse autonome du méridien sensoriel ». Cet acronyme désigne une technique de relaxation par les sensations. Les sensations sont déclenchées par un stimulus sensoriel (un « tigger ») la plupart du temps auditif et/ou visuel : l’écoute d’un son, la présentation d’un objet avec douceur et lenteur. « Il s’agit de donner à ressentir une sensation très relaxante. Cette sensation peut se manifester par des picotements et/ou des frissons en réponse à un stimulus auditif. Cette technique offre un grand pouvoir introspectif » comme la définit Lina Tea, hypnothérapeute spécialisée ASMR.
Quels sont les bienfaits de l’ASMR ? Pour dormir ?
Les bienfaits de l’ASMR sur la santé ne sont pas encore démontrés mais ses effets intéressent le monde scientifique.
► L’écoute de sons agréables a le pouvoir de détendre, c’est dans ce sens que l’ASMR peut diminuer le niveau de stress et aider à trouver le sommeil plus facilement et à mieux dormir.
► La focalisation de la pensée sur un objet ou sur une musique inspirante engendre aussi un sentiment de plaisir chez celui qui la reçoit. Le plaisir induit la sécrétion de plusieurs hormones dans l’organisme : la dopamine, l’hormone du bonheur. Et la sérotonine, un neurotransmetteur que l’on retrouve dans les antidépresseurs. La pratique de l’ASMR déclenche des sensations plaisantes. Une étude britannique menée en 2015 par Nick J Davis et Emma L. Barratt montre que l’ASMR améliore temporairement l’humeur des personnes dépressives.
► L’association de l’ASMR à la méditation de plein conscience ou à l’hypnose permettrait de réduire plus encore le niveau de stress et de ralentir l’activité cérébrale.
Quelle est l’origine de l’ASMR ?
La pratique de l’ASMR est récente. Elle a été nommée à la fin des années 2000 par une Américaine, Jennifer Allen. Elle l’a appelée Autonomous Sensory Meridian Response pour faire référence, selon elle, à aux voies d’énergie de la médecine chinoise (méridien) et à la réaction propre à chaque individu (autonome) face à des éléments extérieurs. Cette réaction est décrite comme une sensation de fourmillement agréable qui se propage de la tête au bas du dos. L’engouement pour l’ASMR débute dans les années 2010 par des vidéos sur Internet (YouTube) : des Youtuber s’illustrent devant leur caméra en chuchotant des histoires de façon apaisante, en grattant ou tapotant des objets avec leurs ongles, en mastiquant et croquant des fruits, ou en se mettant en scène dans des « role-plays ». Leur but est de provoquer une sensation agréable chez celui qui écoute et regarde la vidéo.
Est-ce que ça marche sur tout le monde ? Quels ressentis ?
Le fonctionnement physiologique exact de l’ASMR sur le cerveau n’est pas encore pleinement déterminé, mais il est concevable scientifiquement d’établir des liens directs entre les frissons ressentis et la technique développée avec l’ASMR. Récemment, en 2018, une chercheuse britannique en psychologie Giulia Poerio a démontré que les vidéos ASMR engendraient plusieurs réactions physiologiques chez certains sujets sensibles à l’ASMR : diminution du rythme cardiaque, calme, augmentation de l’activité électrique à la surface de la peau. Son étude démontre également que la réponse sensorielle méridienne autonome (ASMR) ne fonctionne pas sur tout le monde : 50 % de ses sujets n’y ont pas été sensibles. L’ASMR déclenche pour celui qui le reçoit des sensations de fourmillements ou de picotements à la surface de la peau, sur le cuir chevelu, dans tout le corps. « La personne peut ressentir une « chair de poule », des micro contractions sur son visage. Les réactions sont brèves et démontrent que le corps réagit et se détend, décrit Lina Tea. D’autres personnes ressentent des frissons de plaisir dans la tête et le haut du corps. Il m’est même arrivé, en séance, d’avoir des personnes émues jusqu’aux larmes par les émotions véhiculées par les sons. » Et parfois l’ASMR induit une relaxation jubilatoire, laissant un sentiment d’euphorie plus ou moins durable selon les personnes.
Exemples de bruits d’ASMR sonore
Les déclencheurs de l’ASMR sont souvent des bruits ou des sons, dont les plus fréquents sont :
- le chuchotement,
- l’éclatement du papier à bulle,
- la mastication d’une biscotte,
- le tapotement des ongles sur un objet
- le froissement d’une feuille (en ce qui concerne les déclencheurs sonores).
Exemples d’images d’ASMR visuel
La lampe de poche est souvent utilisée pour les déclencheurs visuels, précise Lina Tea. « Regarder quelqu’un brosser les cheveux d’une autre personne et notre cerveau va fonctionner comme si la personne nous brossait les cheveux est une perception courante » indique le Dr Pierre Lemarquis, l’un des neurologues français à s’intéresser à l’ASMR.
Comment marche l’ASMR en consultation ?
« Durant la séance j’utilise un bol tibétain, un gong, un carillon, un star drum ou encore un coussin ou une noix de coco que je tapote ou caresse », détaille Lina Tea. Les sons de la nature imités, par exemple par un bâton de pluie ou une bougie crépitante, sont de bons vecteurs de sensations. Mais pour réussir un ASMR il faut également un contexte : un environnement sécurisant autour de soi et une sensibilité à la proposition sonore ou visuelle utile ou intéressante du prescripteur. « J’ai recours à un micro binaural qui restitue au casque un environnement sonore de la façon la plus naturel possible tout en l’amplifiant, dans un espace tridimensionnel (angle, hauteur, distance), indique Lina Tea. Le son entre dans l’oreille droite, puis dans la gauche. Je crée ainsi de la proximité avec la personne, comme si nous étions ensemble dans une bulle hypnotique. Elle a parfois l’impression que je suis à côté, ou derrière elle, et même parfois dans sa tête ! Cette désorientation fait vivre une expérience sensorielle et émotionnelle encore plus puissante et accentue la suggestibilité de la personne, qui va être encore plus réceptive aux histoires que je lui raconte pour l’aider à se libérer de ses blocages. »
Comment marche l’ASMR en vidéo ?
Les vidéos d’ASMR sur Internet sont des séquences courtes (souvent sur YouTube) dans lesquelles le Youtuber chuchote aux oreilles des internautes, gratte un coussin, froisse une feuille, déroule une bande adhésive… « Parmi les personnes qui regardent des vidéos ASMR, beaucoup le font le soir, couchées dans leur lit. Certaines regardent, d’autres préfèrent juste écouter les yeux fermés, sans se préoccuper des objets utilisés – leur but étant simplement de se laisser » bercer » par les sons et s’endormir », explique Lina Tea. Les vidéos d’ASMR ont toutefois leurs limites. Un même son peut provoquer une sensation de détente et de plaisir chez une personne, et être neutre voire désagréable pour une autre personne. « Ceci est très différent de la pratique de l’ASMR en cabinet, souligne Lina Tea. En séance, le praticien peut observer et écouter les réactions de son consultant et ainsi adapter les sons à ce qu’il aime. Cela permet de leur offrir un maximum de bien-être avant de travailler sur leur problématique en associant une autre technique qui est l’hypnose. »
Merci à Lina Tea, hypnothérapeute certifiée, spécialiste de l’ASMR, à Vincennes (94).
Source : JDF Santé