Arythmie cardiaque : dangers, peut-on en guérir ?

Les arythmies cardiaques désignent des troubles du rythme cardiaque, c’est-à-dire un nombre anormal de contraction du coeur. Il existe différents types d’arythmie, plus ou moins graves : les extrasystoles, la fibrillation atriale, les tachycardies et fibrillations ventriculaires. Par ailleurs, le dépistage est primordial dès lors que les arythmies cardiaques n’entraînent pas systématiquement de symptômes. Qu’est-ce qui provoque des arythmies ? Est-ce dangereux d’avoir de l’arythmie ? Peut-on guérir d’une arythmie cardiaque ? Quels sont les traitements ?

Définition : c’est quoi l’arythmie cardiaque ?

Les arythmies cardiaques correspondent à des troubles du rythme cardiaque, c’est-à-dire une perturbation du rythme normal du cœur, qui peut être bénigne ou nécessiter un traitement adapté. En cas d’arythmie, au lieu de se contracter de 60 à 80 fois par minutes et de façon régulière, le cœur peut voir sa fréquence modifiée, l’égalité de ses contractions non respectée et le rythme de survenue de chaque contraction devenir irrégulier. « On parle ainsi d’arythmie quand le rythme cardiaque est anormal, quelle que soit la fréquence cardiaque. En effet, même si dans la plupart des cas d’arythmie, le cœur bat plus vite que la normale, il est possible d’avoir une arythmie avec une fréquence cardiaque entre 60 et 100 bpm », souligne le Dr Stéphane Boulé, cardiologue spécialisé dans la prise en charge des anomalies du rythme cardiaque et membre de la Fédération Française de Cardiologie. 

Quels sont les types d’arythmie ?

Les principales arythmies sont : les extrasystoles (auriculaires ou ventriculaires), caractérisées par la survenue de battements cardiaques survenant de manière trop précoce, la fibrillation atriale et le flutter atrial, les tachycardies et fibrillations ventriculaires.

Bradycardie. Lors d’une bradycardie, le cœur enregistre une diminution de la fréquence cardiaque, qui passe à moins de 60 pulsations par minute. « La bradycardie peut être soit intermittente soit permanente« , précise le Dr Boulé.

► Les tachycardies se caractérisent par une augmentation inhabituelle de la fréquence cardiaque à plus de 100 pulsations/min.

► Les extrasystoles sont la forme la plus banale de l’arythmie et restent la plupart du temps bénignes. Elles peuvent provenir des oreillettes ou des ventricules. « Il existe alors un battement plus précoce, souvent suivi d’un intervalle un peu plus long avant le retour à la normale », détaille le cardiologue.

► Lors d’une fibrillation atriale, les oreillettes se contractent de façon anarchique sous l’impulsion de signaux électriques très rapides et désordonnés. Cette contraction entraîne une autre contraction rapide et irrégulière : celle des ventricules situés en dessous. Cette forme d’arythmie est dangereuse et peut être à l’origine de graves troubles cardio-vasculaires. « La principale complication est la survenue d’un accident vasculaire cérébral en cas de fibrillation atriale. Ainsi, le risque d’AVC est multiplié par 5. En France, un AVC lié à la FA se produit toutes les 20 minutes » précise le cardiologue avant d’ajouter que « la FA représente le trouble du rythme cardiaque le plus fréquent, et de loin, avec 1 million de personnes touchées en France ». La fibrillation atriale n’est pas toujours ressentie, et ne s’accompagne d’aucun symptôme dans près d’1 cas sur 3 (d’où l’intérêt d’un dépistage chez les personnes à risque, notamment chez les personnes de plus de 65 ans). Fréquente chez les personnes âgées, elle peut être soit paroxystique, c’est-à-dire se terminer spontanément et sans durer plus de 7 jours, soit persistante, c’est-à-dire durer 7 jours ou plus et ne pas s’arrêter spontanément, soit, enfin, permanente quand l’arythmie n’a pas été réduite.

► Lors d’une fibrillation ventriculaire, les ventricules se contractent de façon chaotique sans pomper le sang : si l’arythmie ne cesse pas rapidement sous l’effet d’un choc électrique, elle est irréversible. « Sans choc délivré, elle cause le décès en quelques minutes. C’est le principal mécanisme des morts subites. La mort subite, c’est entre 40 000 et 50 000 décès par an en France, soit 10 fois plus que les accidents de la route« , détaille le Dr Boulé. Afin de remédier à cette situation, des plans nationaux de prévention et de lutte contre la mort subite ont été élaborés et des défibrillateurs ont été installés dans les lieux publics. De plus, il est nécessaire de sensibiliser et former le maximum de personnes aux gestes de 1er secours. Cette forme d’arythmie gravissime traduit souvent la présence d’une maladie cardiaque sous-jacente (maladie des artères du cœur par exemple).

Quels sont les symptômes de l’arythmie cardiaque ?

Les arythmies cardiaques n’entraînent pas systématiquement de symptômes. Par exemple, la fibrillation atriale peut longtemps passer inaperçue, jusqu’à la réalisation d’un électrocardiogramme ou la survenue d’une complication de ce trouble du rythme. Le patient peut aussi évoquer des palpitations (perception de battements cardiaques anormaux), un essoufflement ou une fatigue. A l’inverse, les arythmies provenant des ventricules (tachycardie ventriculaire et fibrillation ventriculaire) sont quant à elles responsables de symptômes criants comme la mort subite ou la syncope.

Est-ce dangereux d’avoir de l’arythmie ?

L’arythmie provenant des ventricules est grave puisqu’elle peut provoquer la mort subite ou la syncope. « Le taux de survie d’une fibrillation ventriculaire survenant en dehors de l’hôpital est de moins de 5% en France (3-4 %) » alerte le cardiologue.

Qu’est-ce qui provoque des arythmies ?

Il existe des maladies ou des facteurs favorisants l’apparition d’une arythmie. Par exemple : l’âge, l’hypertension artérielle, toutes les maladies du cœur, le diabète, l’obésité, les problèmes de thyroïde, des maladies héréditaires génétiques, ou des troubles endocriniens. De plus, l’abus d’alcool, de caféine et le tabagisme peuvent également favoriser la survenue de certaines arythmies cardiaques. Enfin, la fibrillation atriale est aussi une cause très fréquente d’AVC chez les patients de plus de 65 ans.

Arythmie et grossesse

Au cours du troisième trimestre de la grossesse, certaines femmes peuvent souffrir d’une arythmie cardiaque. Ces cas sont très rares. N’hésitez pas à consulter un cardiologue.

Comment savoir si on fait de l’arythmie ?

Pour procéder au diagnostic d’arythmie, le médecin s’intéressera aux symptômes décrits par le patient et prendra connaissance de ses antécédents familiaux ainsi que ses habitudes quotidiennes. Des examens spécifiques permettent de faire le diagnostic : l’électrocardiogramme (ECG) pour étudier les battements cardiaques, le Holter-ECG qui est un dispositif portable muni d’électrodes permettant d’enregistrer les battements cardiaques sur une période de 24 heures, le test d’effort qui consiste à réaliser un ECG au cours d’un exercice physique ou enfin l’échographie cardiaque.

Peut-on guérir d’une arythmie cardiaque ?

Les traitements sont utilisés quand les symptômes deviennent importants ou quand l’arythmie est susceptible d’entraîner de graves complications. Le traitement de l’arythmie cardiaque dépend du type d’arythmie détecté.

► En cas d’extrasystoles, pathologie bénigne et sans retentissement sur la vie de l’individu, aucun traitement n’est nécessaire dans la plupart des cas, s’il n’y a pas de maladie du cœur associée. Certaines mesures d’hygiène de vie peuvent être conseillées : ne pas manger trop de sucres, de graisses, pratiquer régulièrement une activité physique, éviter le tabac, perdre du poids, diminution sa consommation d’alcool, de café et de thé et apprendre à gérer son stress.

 En cas de bradycardie, l’implantation d’un stimulateur cardiaque artificiel appelé aussi pacemaker peut être proposée dans certains cas.

► En cas de fibrillation ventriculaire, la prise en charge est une urgence, le risque de décès étant inéluctable en l’absence de délivrance rapide d’un choc électrique externe réalisé par une équipe de secours. « En cas de fibrillation atriale, le principal traitement fera appel à des médicaments anticoagulants, visant à éviter la formation d’un caillot sanguin et ainsi éviter la survenue d’un accident vasculaire cérébral » détaille le Dr Boulé. Une réflexion se pose également à ce niveau pour savoir si le rythme des contractions générées par les oreillettes (2 cavités supérieures du cœur) doit être ralenti ou réduit par cardioversion électrique ou médicamenteuse.

► En cas de tachycardie. Lors d’épisodes de tachycardie, le traitement dépend de son origine. En effet, si la tachycardie vient des oreillettes, alors les traitements visent principalement à soulager les symptômes. « Dans ce cas, soit des médicaments sont prescrits afin de ralentir le cœur, soit une intervention est réalisée. Il s’agit d’une « ablation par cathéter » ou « ablation par radiofréquence » qui permet de cautériser le court-circuit électrique responsable de l’arythmie, au moyen d’un cathéter introduit sous anesthésie par un vaisseau du pli de l’aine », décrit le spécialiste. Quand la tachycardie vient des ventricules, elle entraîne un risque de mort subite. Dans ce cas, un défibrillateur automatique implantable s’impose ainsi qu’un traitement de la maladie cardiaque qui favorise l’arythmie.

Merci au Dr Stéphane Boulé, cardiologue spécialisé dans la prise en charge des anomalies du rythme cardiaque et membre de la Fédération Française de Cardiologie.


Source : JDF Santé