Aphasie : la maladie de Bruce Willis s'aggrave

[Mise à jour le 8 décembre 2022 à 11h26] L’état de Bruce Willis, atteint d’aphasie, se serait dégradé selon les confidences d’un proche de la famille publiées sur le site RadarOnline.com le 7 décembre. « Bruce ne peut pas dire grand-chose, et il ne semble pas comprendre grand-chose de ce que les autres disent. Il y a des jours où ils (les proches, ndlr) voient des aperçus de l’ancien Bruce, mais ces moments sont brefs et espacés. On dirait qu’il s’éloigne d’eux, et ça leur brise le cœur » a déclaré cette source restée anonyme. En avril 2022, l’acteur américain Bruce Willis âgé de 67 ans a annoncé mettre un terme à sa carrière à cause de son aphasie. L’aphasie se manifeste lorsque les zones du langage situées dans l’hémisphère gauche du cerveau sont lésées par une pathologie. Elle entraîne des difficultés pour parler, comprendre, lire et/ou écrire. Cette perte du langage n’est pas toujours totale, il existe des formes et des degrés d’atteinte très variables. On estime qu’il y a environ 300 000 personnes aphasiques en France.

Qu’est-ce qu’une aphasie ?

L’aphasie est un trouble du langage qui touche des personnes ayant acquis le langage. Le type d’aphasie varie en fonction de la zone atteinte au niveau du cerveau en rapport avec les aires du langage. Parmi les plus connues : l’aphasie de Broca et l’aphasie de Wernicke. Il existe aussi l’aphasie de conduction qui se manifeste par un langage entrecoupé d’hésitations, d’arrêts occasionnés par une difficulté à trouver les mots et, surtout, par la production de nombreuses paraphasies et d’un jargon. La personne atteinte mêle les sons dans les mots et, comme elle en est habituellement consciente, elle tentera de se corriger. Elle peut être le résultat d’une aphasie de Wernicke ayant évolué positivement. On parle d’aphasie « mixte » quand il y a à la fois une réduction de l’expression et des difficultés importantes de compréhension. Enfin, l’aphasie « globale » est la forme la plus sévère de l’aphasie. L’expression est quasi nulle et les troubles de compréhension sont très importants.

Qu’est-ce que l’aphasie de Broca ?

L’aphasie de Broca (dites aussi « aphasie motrice d’expression, antérieure, ou expressive ») qui touche majoritairement la parole avec des symptômes allant du fait de ne pas trouver certains mots appropriés à une incapacité totale de parler. Elle se caractérise par une réduction de l’expression. L’individu parle peu, lentement, cherche ses mots. La compréhension est généralement bien conservée.

Qu’est-ce que l’aphasie de Wernicke ?

L’aphasie de Wernicke (dites aussi « sensorielle, de réception, ou postérieure ») qui touche en priorité la compréhension du langage, écrit ou oral. La personne atteinte parle facilement ou même abondamment, mais parfois elle fait des paraphasies ou elle jargonne. A l’écrit, elle rencontre généralement les mêmes difficultés que lorsqu’elle parle.

Qu’est-ce que l’aphasie progressive primaire ?

L’aphasie progressive primaire qui s’installe insidieusement, et dont le premier symptôme est habituellement le manque du mot. Les personnes ont généralement une très bonne conscience de leur trouble du langage, ce qui génère beaucoup de frustration et est source d’anxiété. Lorsque l’aphasie est de type non fluent, le débit verbal est de plus en plus réduit, allant jusqu’au mutisme. En cas d’aphasie de type fluent, c’est l’inverse qui se produit avec une logorrhée, du jargon, des troubles importants de la compréhension orale et écrite et des troubles de la lecture à haute-voix et de la répétition.

Quelles sont les causes de l’aphasie ?

Les formes de l’aphasie varient en fonction de leur localisation dans le cerveau.

La première cause de l’aphasie est l‘AVC (accident vasculaire cérébral. Il peut s’agir sinon d’un traumatisme crânien, d’une tumeur, d’un anévrisme, d’une infection ou d’une maladie neurodégénérative de type Alzheimer. Les formes de l’aphasie varient en fonction de leur localisation dans le cerveau.

Quels sont les symptômes de l’aphasie ?

L’aphasie ne touche pas seulement le langage, mais aussi dans de nombreux cas la compréhension, la lecture et l’écriture. Les personnes aphasiques ont souvent des difficultés à s’exprimer spontanément. En fonction du type d’aphasie, certains ne parlent plus que par une juxtaposition de syllabes, d’autres parlent très lentement et peinent à construire des phrases car ils ne trouvent plus les bons mots. Il y a aussi des personnes aphasiques qui parlent de manière fluide, mais mélangent certains sons et certains mots. En cas d’aphasie sévère les personnes ne comprennent plus que des mots isolés et interprètent la signification d’un message grâce au contexte et aux aspects non-verbaux. C’est aussi le cas pour la lecture et l’écriture dont les lettres peuvent être inversées, rajoutées, oubliées ou remplacées. Certains mots pourtant écrits correctement peuvent ne pas correspondre au sens voulu.

Quels sont les examens pour diagnostiquer une aphasie ?

Le diagnostic d’aphasie se fait généralement par le neurologue, mais il peut aussi être évoqué par le médecin généraliste (plutôt en cas d’aphasie progressive) ou l’urgentiste (en particulier en cas d’aphasie brutale). Un bilan complémentaire par un neuropsychologue est recommandé pour confirmer le diagnostic et identifier le type d’aphasie. En fonction de la cause, certains examens d’imagerie comme un scanner et/ou une IRM du cerveau peuvent être demandes.

Quels sont les traitements pour soigner une aphasie ?

Le traitement repose sur la prise en charge de la cause lorsqu’il est possible de la soigner. Une prise en charge par un neurologue est donc nécessaire dans tous les cas pour faire le diagnostic et agir vite en cas d’AVC par exemple. Dans les premiers temps, le langage peut récupérer rapidement en raison de l’amélioration de l’état de santé général. Cette récupération spontanée doit être soutenue par un traitement orthophonique intensif et ciblé, car c’est durant cette phase initiale que les fonctions langagières sont les plus malléables. Les buts sont d’améliorer les fonctions langagières, d’optimiser la communication et de permettre une participation active à la vie sociale.

Quels conseils ?

Si vous parlez avec une personne aphasique, n’hésitez pas à parler lentement avec des phrases simples, courtes et des mots concrets, en utilisant des gestes (montrer, mimer) et reformuler si nécessaire. La compréhension est facilitée lorsqu’on s’appuie sur la situation en cours ou sur des éléments qui illustrent la conversation (par exemple, des photos des personnes ou du lieu dont on parle).

Découvrir : La Fédération Nationale des Aphasiques de France


Source : JDF Santé