C’est quoi une annexectomie ?
L’annexectomie est une intervention chirurgicale qui consiste à retirer l’ovaire et la trompe adjacente, considérés comme des « annexes » de l’utérus. L‘annexectomie peut concerner un seul ovaire et une seule trompe, auquel cas elle est dite unilatérale, ou les deux trompes et les deux ovaires, auquel cas on parle d’annexectomie bilatérale. Elle ne doit pas être confondue avec l’ovariectomie qui désigne l’ablation de l’ovaire, et la salpingectomie qui correspond à l’ablation des deux trompes de Fallope.
Quelles sont les indications d’une annexectomie unilatérale, bilatérale ?
L’annexectomie est proposée en cas de pathologie sur un ovaire ou une trompe de Fallope.
► L’annexectomie unilatérale est privilégiée chez la femme jeune ayant un désir de grossesse afin de préserver la réserve ovarienne au maximum. « C’est seulement en cas de kyste de l’ovaire très douteux ou de suspicion de cancer borderline qu’une annexectomie bilatérale pourrait être indiquée chez une femme non ménopausée. Dans certains cas, l’annexectomie unilatérale ou bilatérale peut s’imposer dans le contexte d’une complication liée à une opération« , précise la Dre Lorraine Grangier, médecin spécialisée en chirurgie gynécologique aux HUG.
► L’annexectomie bilatérale est indiquée chez la femme ménopausée en cas de kyste bénin ou persistant car les ovaires et les trompes ne sont plus indispensables. L’intervention a alors un but préventif puisqu’elle permet d’éviter un cancer. L’ annexectomie bilatérale est aussi indiquée dans les cas suivants :
→ En présence d’un cancer de l’utérus borderline
→ Dans le cadre de prophylaxie chez les patientes qui présentent une mutation avérée du gène BRCA qui augmente le risque de développer un cancer du sein et de l’ovaire. « En cas de mutation BRCA1, l’annexectomie bilatérale est proposée dès l’âge de 40 ans. En cas de mutation BRCA2, elle est proposée à 45 ans. Cela entraîne une ménopause précoce mais protège les patientes », indique la gynécologue.
→ Chez les patientes non ménopausées qui ont un cancer du sein sensible : l’annexectomie vise à réduire les hormones qui alimentent cette tumeur.
Pourquoi se faire retirer les trompes et les ovaires ?
L’ablation des trompes et des ovaires a une visée préventive : elle vise à éviter un cancer.
Comment se déroule une annexectomie ?
L’annexectomie peut être réalisée de trois manières :
► Par cœlioscopie : cette technique chirurgicale permet d’accéder à la cavité pelvienne par une petite ouverture sur la paroi de l’abdomen.
► Par laparotomie : cette intervention consiste à ouvrir l’abdomen grâce à une incision verticale. Elle est de moins en moins pratiquée.
► Par Vnotes (Vaginal Natural Orifice Transluminal Endoscopic Surgery) : il s’agit d’une chirurgie mini-invasive qui permet de procéder à l’ablation de la trompe et de l’ovaire en passant par voie vaginale, sans laisser de cicatrice visible.
« L’annexectomie se déroule en position gynécologique, sous anesthésie générale. Le chirurgien effectue une petite ouverture dans le fond du vagin pour accéder, à l’aide des instruments et de la caméra, à la cavité péritonéale, puis va gonfler le ventre avec du CO2. Le chirurgien referme le vagin grâce à quelques points de suture, puis procède à la coagule et sectionne les vaisseaux ovariens avant de couper l’attache qui relie l’ovaire et la trompe à la paroi abdominale. Le spécialiste va ensuite séparer la trompe de l’utérus puis séparer le petit ligament qui attache l’ovaire à l’utérus (ligament utéro ovarien) », explique la Dre Lorraine Grangier.
Quelles sont les conséquences d’une annexectomie ?
Les risques de l’annexectomie sont liés à l’opération : risque d’hémorragie, risque d’infection et risque de lésion de l’uretère qui passe juste en-dessous des vaisseaux ovariens qui vont être coagulés lors de l’intervention. D’où la nécessité de bien repérer l’uretère avant de réaliser le geste. « Des douleurs post-opératoires peuvent survenir dans les quelques jours qui suivent, notamment en cas de cœlioscopie car le C02 utilisé pour gonfler le ventre peut se révéler irritant pour les nerfs situés au niveau du diaphragme », prévient la gynécologue. L’annexectomie bilatérale entraîne irrémédiablement une ménopause précoce, tandis que l’annexectomie unilatérale réduit les chances de tomber enceinte mais ne les supprime pas.
Combien de temps de convalescence après une annexectomie ?
C’est une opération qui dure environ une heure et qui peut se faire en ambulatoire. Le temps de convalescence est généralement de deux semaines.
Peut-on encore tomber enceinte après une annexectomie ?
L’annexectomie bilatérale empêche de tomber enceinte puisqu’il n’y a plus de trompes. En revanche, il est possible de réaliser une FIV si une préservation des ovocytes a été effectuée en amont, notamment dans un contexte oncologique, ou via un don d’ovocytes. En cas d’annexectomie unilatérale, il est possible de tomber enceinte spontanément, même si l’intervention réduit la réserve ovarienne.
Merci au Dre Lorraine Grangier, médecin spécialisée en chirurgie gynécologique aux HUG
Source : JDF Santé