Qu’est-ce qu’un adénome pléomorphe ?
« L’adénome pléomorphe est une tumeur bénigne salivaire fréquente que l’on peut avoir à tout âge, mais qui touche plus souvent des adultes de 30 à 60 ans » enseigne le Pr Sébastien Vergez, Chef du service ORL et Chirurgie Cervico-faciale au CHU de Toulouse Rangueil-Larrey. Celui-ci précise que cette tumeur salivaire présente deux particularités. Elle récidive fréquemment ce qui impacte la façon dont elle est prise en charge et c’est une tumeur qui a un risque de dégénérer en cancer.
Quelle est la cause d’un adénome pléomorphe ?
« Nous ne connaissons pas de facteur de risque pour l’adénome pléomorphe » informe le Pr Sébastien Vergez. Cette tumeur salivaire se développe la plupart du temps dans la glande parotide, glande salivaire la plus volumineuse située dans la joue et sous le lobule de l’oreille et parcourue par le nerf facial. Elle peut aussi parfois se développer dans d’autres glandes salivaires comme la glande submandibulaire (située au niveau du cou, sous la mâchoire) ou encore dans des glandes salivaires accessoires situées dans la bouche, la gorge voire le nez.
Est-ce bénin ou est-ce un cancer ?
Un adénome pléomorphe est une tumeur salivaire bénigne. Cependant, il n’est pas rare que cette tumeur bénigne évolue en cancer. C’est pourquoi tout adénome pléomorphe fait l’objet d’une intervention chirurgicale pour être retiré. « Une analyse extemporanée (NDLR : un examen anatomopathologique pendant l’opération) de la tumeur est réalisée au cours de l’intervention afin de s’assurer que le nodule n’est pas cancéreux » explique le Pr Vergez. Si le nodule s’avère cancéreux, l’intervention est complétée.
Quels sont les symptômes d’un adénome pléomorphe ?
Les symptômes d’un adénome pléomorphe dépendent de l’endroit où il se développe. Dans tous les cas le symptôme principal est l’apparition d’un nodule (boule). L’adénome pléomorphe naît le plus souvent dans la glande parotide, le nodule s’il est superficiel ou volumineux peut être perçu par la personne sous l’oreille voire la joue. Lorsque l’adénome pléomorphe se développe dans la glande submandibulaire la boule peut être ressentie sous la mâchoire. S’il est situé dans une glande salivaire accessoire une boule peut être perçue dans la bouche au niveau de palais par exemple. L’adénome pléomorphe profond ne peut pas être senti par la personne concernée et peut être découvert de façon fortuite à l’occasion d’une IRM réalisée pour une autre raison. « Cette tumeur salivaire est exceptionnellement douloureuse« précise le Pr Vergez qui souligne également que ces tumeurs bénignes ne s’accompagnent pas de ganglions satellites. Il n’y a pas non plus de paralysie du nerf facial.
Quels examens pour poser le diagnostic d’un adénome pléomorphe ?
Le diagnostic d’adénome pléomorphe est fait avec un examen clinique réalisé par un spécialiste, le plus souvent un ORL et des examens d’imagerie. « Celui-ci regarde s’il n’y a pas de signe d’agressivité (ganglions), s’il peut s’agir d’un cancer de la parotide elle-même ou d’une autre tumeur salivaire » indique le Pr Sébastien Vergez. L’examen de référence pour confirmer le diagnostic est une IRM faite par un radiologue expert dans l’exploration de la parotide. Une échographie peut être faite en premier lieu lorsque la nature parotidienne du nodule n’est pas certaine, mais l’IRM est la plus pertinente pour le diagnostic d’adénome pléomorphe. Si l’IRM n’est pas typique d’un adénome pléomorphe, une cytoponction à l’aiguille fine est effectué. Quelques cellules du nodule sont prélevées et analysées. « Cela permet de confirmer avant l’intervention que c’est bien un adénome pléomorphe. Cela conditionne le délai et les modalités de l’opération » explique le Pr Sébastien Vergez.
Un adénome pléomorphe fait toujours l’objet d’une chirurgie
Quel traitement pour soigner un adénome pléomorphe ?
Il n’existe pas de traitement autre que la chirurgie afin d’éviter la progression de cette tumeur. « Le traitement a aussi pour objet de rendre le risque de récidive le plus faible possible. Nous voulons éviter la récidive à tout prix car la deuxième chirurgie est alors très complexe et très risquée pour le nerf facial » indique le Pr Vergez.
Quand avoir recours à la chirurgie ?
Un adénome pléomorphe fait toujours l’objet d’une chirurgie. La partie de glande touchée, le plus souvent la parotide, est retirée. Parfois, c’est toute la parotide qui doit être retirée lorsque le nodule envahit toute cette dernière. Il faut prendre quelques marges autour du nodule pour limiter les risques de récidive. « Si l’examen extemporané évoque un cancer nous retirons toute la glande salivaire et les ganglions satellites« précise le Pr Sébastien Vergez. La deuxième intervention en cas de récidive est plus à risque de séquelles (paralysie le plus souvent temporaire du nerf facial). « Elle est souvent complétée par une radiothérapie avec des doses moins importantes que pour un cancer pour limiter ou retarder du moins l’émergence d’une nouvelle récidive » informe le Chef du service ORL et Chirurgie Cervico-faciale au CHU de Toulouse Rangueil-Larrey.
Merci au Pr Sébastien Vergez, Chef du service ORL et Chirurgie Cervico-faciale au CHU de Toulouse Rangueil-Larrey.
Source : JDF Santé