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C'est quoi le "Candida auris" qui se propage dans les hôpitaux européens ? Quels symptômes ?

Le champignon Candidozyma auris ou « Candida Auris » se propage rapidement dans les hôpitaux européens, alerte l’ECDC en septembre 2025.


C’est « une menace sérieuse pour les patients et les systèmes de santé » prévient le Centre européen de prévention et de contrôle des maladies (ECDC) dans un communiqué du 11 septembre. Sa dernière enquête (la quatrième du genre), confirme que Candidozyma auris anciennement « Candida auris » continue de se propager « rapidement » dans les hôpitaux européens. Le nombre de cas est en augmentation, les épidémies prennent de l’ampleur et plusieurs pays signalent une transmission locale continue. Les cas augmentent aussi en France« Ces résultats soulignent l’importance d’une détection et d’un contrôle précoces de la transmission afin d’éviter une propagation rapide et généralisée. »  Cinq pays – l’Espagne, la Grèce, l’Italie, la Roumanie et l’Allemagne – ont été à l’origine de la plupart des cas au cours de la décennie. Le Candida auris résiste à la plupart des médicaments antifongiques disponibles sur le marché.

C’est quoi le champignon Candida auris ?

Le Candida auris est un micro-organisme du genre Candida faisant partie de la catégorie des levures. Il a été décrit pour la première fois en 2009 au Japon dans un prélèvement provenant du conduit auditif d’une patiente. D’où le nom de « Candidas auris » qui signifie « candidose de l’oreille » en latin. Ce germe est de plus en plus retrouvé comme un agent pathogène responsable de nombreuses infections fongiques (causées par des champignons donc) nosocomiales, c’est-à-dire contractées au cours d’un séjour dans un établissement de soins comme les hôpitaux, cliniques… Il se propagerait chez les patients hospitalisés, ceux subissant une chirurgie ou un traitement par intraveineuse. Chez l’homme, il peut causer :

  • Des infections du sang (candidémies), 
  • Des infections biliaires,
  • Des infections de plaies
  • Des infections de l’oreille (otites),
  • Des infections des voies urinaires,
  • Des infections de la peau (abcès associés à l’insertion de cathéters),
  • Des infections du muscle cardiaque,
  • Des infections du foie,
  • Des infections des méninges (méningites),
  • Des infections des os.
Photo 3D d’un Candida auris © drmicrobe – 123RF

Combien de cas en France ?

« Depuis le premier cas identifié en France de façon rétrospective en 2007, 73 épisodes de colonisation ou infections à C. auris ont été rapportés, majoritairement des cas d’importation de nombreux pays » selon l’Institut Pasteur. Des cas qui restent encore « limités » en France mais « une accélération nette s’est produite depuis 2024 » rapporte le CPIAS Nouvelle-Aquitaine.

Cas de Candida Auris en France © Institut Pasteur

Quels sont les symptômes d’une infection à Candida auris ?

  • une fièvre modérée à intense,
  • des courbatures,
  • une fatigue intense. 

Ces symptômes peuvent paraître ordinaires et bénins, mais sont particulièrement dangereux pour les personnes à risque comme les patients dont les défenses immunitaires sont affaiblies, les nourrissons et les personnes âgées.

Comment est posé le diagnostic ?

Les méthodes habituelles de laboratoire ne permettent pas toujours de reconnaître précisément le Candida auris, « si bien qu’il est souvent mal identifié », précise l’Institut national de santé publique du Québec dans l’une de ses publications (janvier 2018). La séquence des gènes, légèrement différente des autres souches, sa résistance à différentes classes d’antifongiques et son aptitude à croître à 42°C – mais pas à 45°C comme les autres Candida – sont trois éléments qui permettent aux biologistes de reconnaître le Candida auris.

Transmission : comment attrape-t-on le Candida auris ?

Les personnes très malades, qui portent des dispositifs médicaux invasifs ou qui séjournent fréquemment ou longtemps dans des établissements de santé courent un risque accru de contracter le Candida auris puisqu’il se transmet dans les milieux de soins :

  • par contact direct d’une personne infectée à une autre,
  • par contact indirect via l’environnement et le matériel de soins contaminés. 

Ce germe peut toucher n’importe quelle tranche d’âge, mais particulièrement les adultes avec des facteurs de risque (personnes ayant fait une chirurgie il y a moins de 3 mois, immunodéprimées, diabétiques, avec insuffisance rénale chronique, infectées par le VIH, porteuses d’un cathéter, d’un tube endotrachéal ou d’une sonde, prenant des stéroïdes, personnes âgées…). Les nouveaux-nés sont aussi plus à risque. 

Quelles sont les causes du Candida auris ?

Le Candida auris est un germe mystérieux, encore peu connu par les biologistes. Mais d’où vient le Candida auris ? « Ce champignon, résistant aux médicaments se serait développé grâce à l’utilisation intensive de fongicides dans les cultures, que l’on peut trouver sur les pommes de terre, les haricots, le blé, les tomates, les oignons…« , a déclaré le Dr Rhodes, spécialiste des maladies infectieuses qui a travaillé sur l’épidémie à Londres. Toutefois, cette possibilité doit être vérifiée. Autre hypothèse : le Candida auris serait la conséquence directe « de l’utilisation excessive d’antibiotiques par les hôpitaux, contribuant ainsi à la recrudescence de champignons résistants aux médicaments« , ajoutent d’autres chercheurs cités dans le New-York Times. Selon une étude publiée en 2019 dans le journal scientifique mBio, ce champignon se serait développé à cause du réchauffement climatique. Contrairement à la plupart des champignons qui ne résistent pas à la chaleur, le Candida auris semble très bien s’adapter à des températures plus élevées. Cet agent pathogène serait alors capable de sortir de sa « restriction thermale« , une zone trop chaude, qui empêche la plupart des champignons de se développer dans notre corps, explique le Dr Arturo Casadevall, l’auteur principal de l’étude.

Quel traitement pour soigner une infection à Candida auris ?

Le Candida auris est très souvent résistant aux anti-fongiques (Fluconazole, Voriconazole, Amphotéricine B…) communément utilisés dans le traitement des infections à Candida, ce qui réduit considérablement les capacités de traitement et la survie des personnes infectées. Autrement dit, ce « super-champignon » est capable de développer des défenses pour survivre aux traitements. Pour le moment, extrêmement peu d’options médicales existent. Seules des mesures de prévention et de contrôle peuvent permettre de réduire sa prolifération : dépistage des contacts étroits en cas d’un nouveau cas, hygiène des mains renforcée, mise à l’écart (chambre seule) d’un patient infecté…


Source : JDF Santé