Cancer occulte : 6000 cas par an et seulement 20% de chances de survie

Souvent découvert à un âge avancé, le cancer occulte est de très mauvais pronostic.


Les cancers occultes représentent environ 2% de l’ensemble des cancers, soit 6000 nouveaux cas par an en France. « En pratique, les médecins oncologues n’utilisent presque jamais le terme de « cancer occulte », on lui préfère le terme officiel de « cancer primitif inconnu » ou CPI« , rétablit le Dr Marie Viala, médecin oncologue à l’Institut régional du Cancer (Montpellier).

Qu’est-ce qu’un cancer occulte ?

Un cancer occulte désigne un type de cancer qui s’est propagé à d’autres parties du corps (métastases), sans que les médecins sachent où il a pris naissance. « On ne sait pas si son origine est bronchique, mammaire, ORL, digestive… On ne voit que des métastases et la biopsie qu’on va réaliser sur ces métastases nous affirme juste que c’est bien un cancer. Nos collègues anatomopathologistes ne peuvent pas déterminer son origine« , nous explique le médecin oncologue. Dans ce type de cancer, la tumeur primitive ne s’est pas développée (on dit qu’elle a « involué »). En revanche, elle a envoyé des cellules tumorales secondaires (métastases) sur différents organes par un mécanisme que l’on peut aujourd’hui difficilement expliquer. Le cancer occulte est donc toujours détecté au stade métastasique.

Quels sont les symptômes ?

Les symptômes sont globalement les mêmes que ceux observés chez les personnes atteintes d’un cancer de type connu : une perte de poids, une perte d’appétit ou encore une importante fatigue. A cela peuvent s’ajouter d’autres symptômes plus spécifiques en fonction des organes touchés : l’apparition de ganglions lymphatiques dans le cou, le bras ou l’aine plus gros que la normale, des difficultés respiratoires (essoufflement, toux…), un gonflement de l’abdomen, des douleurs osseuses, une anémie, des maux de tête…

Comment soigne-t-on un cancer occulte ?

Le traitement varie en fonction des caractéristiques de la maladie. Le plus souvent, on va mettre en place une chimiothérapie avec deux protocoles un peu standards quand on n’a pas de piste sur l’origine du cancer primitif : soit l’association « carboplatine + paclitaxel (taxol) », soit l’association « cisplatine ou carboplatine + gemcitabine ». En deuxième intention, on va tester la chimiothérapie que l’on n’a pas encore testé. En troisième ligne, on peut s’orienter vers des chimiothérapies plutôt de type digestif, avec une association de folfox. Au-delà de la troisième ligne, on est un peu dépourvu d’options thérapeutiques. Avec les techniques actuelles, on essaie au maximum de s’approcher de l’origine primitive. « Il y a des essais thérapeutiques dans lesquels on essaye de s’orienter avec de la biologie moléculaire, c’est-à-dire qu’on étudie le génome de la tumeur pour savoir si cette tumeur a des mutations particulières qui parfois peuvent être à l’origine du processus tumoral. Cela peut nous donner des idées d’orientation de cancer primitif, ce qui va nous permettre d’adapter le traitement et d’améliorer le pronostic« . La localisation des métastases donne également de gros indices sur le tissu d’origine du cancer primitif. Si par exemple, on a des métastases ganglionnaires cervicales, on va plutôt se rapprocher d’un cancer ORL.

Quelles sont les chances de survie ?

Du fait qu’ils soient découverts tard et souvent à un âge avancé, ces cancers sont de mauvais pronostic. La probabilité de survie des patients atteints d’un cancer primitif inconnu est d’environ 20% à 1 an. « Environ la moitié des décès observés surviennent dans les 3 premiers mois suivant le diagnostic« , précise la Société Européenne d’Oncologie Médicale (ESMO).

« Ces cancers sont heureusement de plus en plus rares parce qu’avec les techniques actuelles, on arrive – comme on disait avec ce fameux jeu de pistes – à étayer ce diagnostic. Il y a aussi des patients pour lesquels l’espérance de vie dépasse les 5 ans ou encore la rémission est possible », tient à rassurer notre experte. 


Source : JDF Santé