Pneumocoque : symptômes, vaccin, c'est quoi ?

Le pneumocoque est une grave bactérie qui peut être mortelle chez les personnes sensibles.


On connait le terme mais toujours sa signification. On sait aussi souvent qu’il existe un vaccin contre le pneumocoque (obligatoire chez les enfants après la naissance) mais sans savoir contre quoi il protège vraiment. Voici l’essentiel à savoir sur le pneumocoque.

Définition : qu’est-ce que le pneumocoque ?

Les infections à pneumocoques sont dues à une bactérie appelée « Streptococcus pneumoniae » qui appartient au genre des streptocoques. Cette bactérie peut être présente au niveau de la bouche, du nez ou du pharynx sans pour autant rendre malade : on estime que 5 à 25% de la population sont porteuses de cette bactérie sans présenter de symptômes. Mais chez certaines personnes, cette bactérie peut se déplacer dans l’organisme et être responsable de nombreuses maladies affectant :

Pneumonie due au pneumocoque © designua – 123RF
  • le système pulmonaire, ce qui peut entraîner une pneumonie,
  • les oreilles, ce qui peut causer une otite moyenne aiguë, particulièrement chez l’enfant,
  • les sinus, ce qui peut provoquer une sinusite, particulièrement chez l’adulte,
  • les enveloppes du cerveau et la moelle épinière, ce qui peut entraîner une méningite,
  • le sang (bactériémie, septicémie)
  • plus rarement, le péritoine (enveloppe qui tapisse l’abdomen, le pelvis et les viscères), ce qui peut entraîner une péritonite. 

Les méningites sont la forme la plus grave de ces infections. 

Est-ce mortel ?

« Le pneumocoque est une bactérie à l’origine d’infections graves (pneumonies, méningites) et de décès fréquents (presque 3 fois plus que les accidents de voitures en France), en particulier chez les jeunes enfants et les personnes âgées« , indique l’Institut Pasteur. Le pneumocoque est la première cause de mortalité bactérienne en France chez l’adulte (10 décès/100.000 habitants chaque année). Par ailleurs, on estime que 10% des enfants atteints de méningite en décèdent. 

Personnes à risque

L’infection à pneumocoque affecte plus souvent :

  • les jeunes enfants
  • les personnes âgées
  • les personnes souffrant d’une maladie chronique comme un diabète, une pathologie pulmonaire ou cardiaque, un alcoolisme…
  • les personnes immunodéprimées (atteintes d’un cancer ou d’une infection par le VIH) ou qui suivent un traitement diminuant leurs défenses immunitaires. 

Contagion et transmission

Les pneumocoques sont contagieux et se transmettent d’humain à humain par des sécrétions (baisers, toux, éternuements, postillons, gouttes de salive infectée…) lors d’un contact direct, étroit et assez long (au moins d’une heure) avec la personne infectée par la bactérie ou porteuse du germe. Cette bactérie ne peut en aucun cas être transmise par l’eau ou par l’air. 

Symptômes

Les symptômes du pneumocoque sont variables en fonction du type d’infection que la bactérie entraîne :

  • En cas de pneumonie : fièvre importante (39-40°C), frissons, toux sèche ou qui rejette du mucus jaune ou rouille, essoufflement, douleur thoracique intense, souvent d’un seul côté, sensation de malaise général.
  • En cas d’otite : douleur à l’oreille, fièvre supérieure à 38°C, sensation d’avoir une oreille bouchée, baisse d’audition, bourdonnements, écoulement de sécrétions jaunâtres par le conduit de l’oreille…
  • En cas de sinusite : congestion nasale avec écoulement clair ou purulent, douleur et sensation de pesanteur sous les deux yeux, parfois des maux de tête diffus, fièvre et sensation de malaise…
  • En cas de méningite : maux de tête intenses, intolérance à la lumière et/ou au bruit, nausées, vomissements, raideur de la nuque, teint gris ou marbré, courbatures importantes, grande fatigue, somnolence, confusion mentale, paralysies oculaires, convulsions…
  • En cas de bactériémie ou septicémie : douleurs abdominales, nausées, vomissements, diarrhées, fièvre persistante, frissons, augmentation de la fréquence respiratoire, hypotension…

Diagnostic

L’interrogatoire clinique et l’auscultation orientent le médecin vers le diagnostic du type d’infection. En cas de suspicion d’une pneumonie, un bilan infectieux et une analyse bactériologique des sécrétions broncho-pulmonaires complètent le diagnostic. On peut aussi prélever les urines pour retrouver des signes d’infection de certaines bactéries.

En cas de suspicion de méningite, une consultation en urgence doit être faite auprès du médecin traitant ou des urgences. La présence d’un symptôme de complication peut nécessiter une prise en charge hospitalière avec la réalisation d’une ponction lombaire (prélèvement de liquide céphalo-rachidien). L’analyse de ce liquide en laboratoire (aspect, nombre et type de cellules, biochimie, examen bactériologique direct et culture) confirmera le diagnostic de la méningite et déterminera le germe en cause. Parallèlement, une prise de sang sera faite et mise en hémoculture, une méthode destinée à établir le diagnostic biologique et étiologique de la présence de micro organismes dans le sang. 

En cas de suspicion d’une bactériémie ou d’une septicémie, on réalise une prise de sang qui sera mise en hémoculture afin de déterminer la présence de bactéries infectieuses.

Traitement

Le traitement dépend du type d’infection : 

  • En cas de pneumonie : le traitement nécessite l’utilisation d’antibiotiques afin d’éliminer la bactérie responsable de l’infection. Généralement, on utilise en première intention l’amoxicilline, ou la spiramycine ou la pristinamycine. Si les symptômes ne s’améliorent pas au bout de quelques jours, le médecin pourra être amené à changer d’antibiotique. Pour atténuer la fièvre, le médecin peut prescrire du paracétamol.
  • En cas d’otite : le recours aux antibiotiques est nécessaire si l’enfant a moins de 2 ans et si l’otite est purulente et douloureuse. Le médecin prescrira alors de l’amoxicilline (en association avec l’acide clavulanique si les symptômes ne s’améliorent pas au bout de 4 jours ou si l’otite purulente est accompagnée d’une conjonctivite). Si l’otite est congestive et si l’enfant a plus de 2 ans, la prise d’antibiotiques n’est pas utile. Pour améliorer le confort de l’enfant, le médecin peut prescrire un antalgique-antipyrétique (traitement pour soulager la fièvre). 
  • En cas de sinusite : le traitement d’une sinusite bactérienne repose en sur l’utilisation de l’amoxicilline (antibiotique pris par voie orale) chez l’enfant et chez l’adulte. Si les symptômes ne s’améliorent pas au bout de 3-4 jours, l’amoxicilline doit être prise en association avec l’acide clavulanique, un bêta-lactamine. 
  • En cas de méningite : la méningite bactérienne exige un traitement antibiotique urgent. Le traitement est fait lors d’une hospitalisation. Le médecin met en place un premier traitement antibiotique en urgence après l’examen clinique, la prise de sang et la ponction lombaire, qui peut comporter plusieurs antibiotiques selon la sensibilité aux germes et à la résistance aux différents antibiotiques. Le traitement dure entre 1 et 3 semaines. 
  • En cas de bactériémie ou de septicémie : le traitement repose sur l’utilisation d’antibiotiques (oxacilline, cloxacilline, vancomycine…) dont le type et la durée dépendent de plusieurs paramètres (localisations secondaires, porte d’entrée du sepsis, antécédents médicaux du patient, éventuelles pathologies chroniques, évolution clinique et microbiologique, âge du patient, allergies, résultat de l’antibiogramme…). 

Vaccin contre le pneumocoque

Des vaccins sont disponibles en France pour prévenir l’infection par un pneumocoque : Prevenar 13®, Pneumovax®, Vaxneuvance®, Prevenar 20® (remboursés à 65% par l’Assurance maladie). Le vaccin pneumococcique est obligatoire pour les bébés nés depuis le 1er janvier 2018 avec 3 doses de vaccin à l’âge de 2, 4 et 11 mois. La vaccination est ensuite recommandée mais non obligatoire à partir de l’âge de 2 ans, pour les personnes à risque élevé d’infections sévères à pneumocoque, quel que soit l’âge :

  • personnes immunodéprimées ou atteintes de syndrome néphrotique ;
  • personnes porteuses d’une maladie prédisposant à la survenue d’infections invasives à pneumocoque :
  • maladie du cœur, insuffisance cardiaque ;
  • insuffisance respiratoire chronique, bronchopneumopathie obstructive, emphysème, asthme sévère, mucoviscidose ;
  • insuffisance rénale ;
  • maladie chronique du foie ;
  • diabète ;
  • brèche ostéoméningée, implant cochléaire ou candidats a une implantation cochléaire ;
  • drépanocytose.

La vaccination peut être réalisée chez le médecin en cabinet de ville, en pharmacie, à l’hôpital ou en PMI (pour les enfants jusqu’à 6 ans), ou dans un laboratoire de biologie médicale. Elle peut également être réalisée dans un centre de vaccination public. Dans ce cas, la prescription, la délivrance du vaccin et la vaccination s’effectuent sur place.


Source : JDF Santé