PFAS : c'est quoi, quels dangers pour la santé ?

Ils sont quasiment partout.


La polémique sur les PFAS grossit en France. En janvier 2025, une quarantaine d’associations, dont des associations françaises, ont demandé à la Commission européenne de bannir le lobbying des industries et entreprises qui défendent leur utilisation. Celle-ci a fortement été restreinte depuis 2009 mais les PFAS sont encore fréquemment mesurées dans l’environnement, informe l’Anses. Une étude révélée fin janvier par Générations Futures et l’UFC-Que Choisir a analysé 33 PFAS dans l’eau potable de 30 communes françaises et « les résultats sont alarmants« . Le TFA, un résidu de pesticides, a été détecté dans 24 prélèvements sur 30, notamment à Paris ou dans des communes des agglomérations de Poitiers et Orléans. Certaines zones, comme Tours ou les environs de Rouen, présentent respectivement 10 et 11 PFAS relevés dans un seul prélèvement.

Les PFAS ou « Per-Fluoroalkyl and Polyfluor-Alkyl Substances »

Les PFAS pour « substances per- et polyfluoroalkylées » en français désigne une famille de plus de 10 000 substances chimiques de synthèse utilisées dans l’industrie et les produits de consommation courante depuis la fin des années 1950 pour qu’ils résistent à l’eau et au feu. Ce sont des polluants dits « éternels » car elles sont très résistantes à la dégradation dans l’environnement et très mobiles. Une fois émises, elles sont là pour des centaines voire des milliers d’années, et s’accumulent dans les tissus humains devenant ainsi une source croissante de préoccupation mondiale. Les PFAS sont présentes dans « les produits de tous les jours » alerte l’Inspection générale de l’environnement et du développement durable (IGEDD), comme les textiles (vêtements imperméables, chaussures, tissus d’ameublement…), les ustensiles de cuisine, les revêtements antiadhésifs (des poêles en Téflon notamment), les semelles de fer à repasser, les emballages alimentaires, les pesticides, les caoutchoucs, les implants médicaux, les détergents, les peintures, l’alimentation (émulsifiants, produits de la mer, œufs, viandes…) et peuvent contaminer les nappes phréatiques, les cours d’eau et donc l’eau potable.

Quelles conséquences sur l’organisme ?

Depuis une quinzaine d’années, la littérature scientifique s’est penchée sur la toxicité des PFAS notamment sur la fonction hormonale. En 2023, le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) a respectivement classé le PFOA et le PFOS, les deux PFAS les plus présents respectivement comme « cancérogène c&ertain pour l’humain » et « cancérigène possible ». Plusieurs travaux, dont une vaste étude américaine réalisée par des chercheurs de l’UC San Francisco, de l’Université de Californie du Sud et de l’Université du Michigan a montré un lien clair entre l’exposition à certains PFAS et un diagnostic antérieur de cancer chez les femmes (mélanome, cancer de l’utérus et cancer de l’ovaire). D’autres méta-analyses rapportent des risques d’hypothyroïdie, d’endométriose, de cancer du rein et des testicules chez l’adulte. Chez l’enfant, les PFAS pourraient participer à un faible poids à la naissance, l’obésité, des anomalies liées au taux de cholestérol et une

Les personnes les plus exposées sont bien entendu les employés des usines qui les fabriquent ou les utilisent, et les professionnels qui les manipulent (pompiers, employés d’aéroport…). Les personnes habitant près des « hot sport » de contamination (sites où les concentrations en PFAS analysées sont supérieures à 0,1 µg/l) sont également les plus à risque. Un travail exclusif mené par le quotidien Le Monde et 17 autres médias a permis de publier une carte des 2 100 hots spots pollués à « des niveaux jugés dangereux pour la santé par les experts interrogés » en Europe.

La carte de la pollution éternelle en Europ © Le Monde/Forever Pollution Project

Comment les éviter ?

Il est impossible d’éliminer les PFAS de son environnement tant ils sont partout. Toutefois, pour s’en protéger et réduire les risques sanitaires, les Agences régionales de Santé recommandent d’opter pour des ustensiles de cuisine sans revêtement antiadhésif (céramique, fonte, acier, fer…), d’éviter les produits alimentaires emballés en grande surface ou dans les fast-foods, de ne pas utiliser l’eau souterraine (puit privé) pour arroser son potager et abreuver les animaux de basse-cour, de réduire la consommation de poissons (surtout les gras) et fruits de mer, de viandes, de produits laitiers et d’œufs, de laver les vêtements neufs avant de les porter, d’éviter les tissus d’ameublement ayant subi des traitements antitaches ou encore de fuir les cosmétiques ou les produits ménagers contenant des PFAS.


Source : JDF Santé