Le diabète de type 2 – autrefois appelé non insulinodépendant (DNID) – touche généralement les personnes de plus de 40 ans, même s’il peut également concerner les adolescents et les jeunes adultes. Le surpoids, l’obésité, le manque de sport sont révélatrices d’un diabète chez des personnes qui ont une prédisposition génétique. Il évolue longtemps silencieusement. « Cette forme de diabète est la plus fréquente : 90 à 92% des diabétiques en sont atteints », explique le professeur Fabrice Bonnet, diabétologue et endocrinologue à Paris. Quelle est la cause d’un diabète de type 2 ? Donne-t-il des symptômes ? Est-ce qu’on peut en guérir ? Quels traitements et médicaments prendre ?
Quelle est la définition d’un diabète de type 2 ? A partir de quel taux ?
Une hyperglycémie à plus de 1,20g/l peut évoquer un diabète (la mesure doit être prise au moins deux fois). Le diabète de type 2 se caractérise par une résistance à l’insuline, qui entraîne alors une augmentation importante de la glycémie, c’est-à-dire du taux de sucre dans le sang. Il s’agit à l’origine du diabète de la maturité et du vieillissement, car il est favorisé par le surpoids, l’obésité ou la sédentarité. « Mais cela augmente, car il y a beaucoup plus de sédentarité et d’obésité dans le monde entier », indique notre interlocuteur. Si le diabète de type 2 peut être silencieux pendant des années, des complications peuvent survenir d’un coup, provoquant des lésions de différents organes parfois irréversibles.
Quels sont les symptômes d’un diabète de type 2 ?
Le diabète de type 2 est une maladie sournoise : elle peut évoluer pendant des années silencieusement, sans provoquer aucune gêne chez les patients. C’est pourquoi les premières manifestations de la maladie proviennent souvent de l’apparition des complications. En effet, 50% des diabétiques de type 2 sont diagnostiqués au stade des complications. Il y a néanmoins quelques signes qui peuvent être annonciateurs, même s’ils sont très subtils :
- Une fatigue
- Une sensation de bouche sèche
- Une polyurie (besoin d’uriner trop souvent)
- La présence d’infections urinaires à répétition
- Une faim et une soif plus importante
- Des troubles de la vision
- Des picotements dans les pieds
- Des troubles de l’érection
- Des essoufflements…
Tous ces signes peuvent malheureusement être les symptômes associés à d’autres maladies, donc il est difficile de les reconnaître.
Quels sont les risques de complications ?
« Quand le diabète se complique, il peut y avoir des altérations des vaisseaux des yeux, de la rétine, du rein (avec une néphropathie, pouvant entraîner une insuffisance rénale) puis de l’hypertension et des risques d’AVC », liste le spécialiste. Parmi les complications : la rétinopathie diabétique (pouvant causer une cécité), la néphropathie diabétique (pouvant aboutir à une insuffisance rénale), la neuropathie diabétique, des ulcères de pied et de jambe, et divers problèmes cardio-vasculaires. Heureusement, certaines peuvent être évitées, réduites ou retardées si le diabète est dépisté tôt, et pris en charge correctement.
A quel âge le diabète de type 2 est-il découvert ?
Généralement, le diabète de type 2 est découvert après l’âge de 40 ans. « On observe une entrée dans le diabète de type 2 de plus en plus jeune. Au début, c’était surtout en Angleterre ou aux États-Unis, maintenant, on le voit aussi en France. Certains jeunes sont touchés par le diabète de type 2 dès 17 ans, alors qu’auparavant, c’était uniquement le type 1″, explique le diabétologue. « On voit cela principalement dans des milieux défavorisés, où il y a plus d’obésité », précise-t-il.
Quelles sont les causes d’apparition d’un diabète de type 2 ?
Dans le diabète de type 2, il n’y a pas de carences majeures ou de déficit à l’insuline : « Le patient sécrète de l’insuline, mais celle-ci est moins efficace : on parle de résistance à l’insuline« , explique le médecin. Le diabète de type 2 n’est donc pas d’une pathologie auto-immune, au contraire, il est dû à plusieurs facteurs :
- Des facteurs environnementaux
- Des facteurs alimentaires (alimentation peu équilibrée)
- Des facteurs héréditaires et génétiques (des antécédents de diabète du même type sont souvent présents dans la famille)
- Les personnes sédentaires, obèses ou en surpoids sont ainsi les plus exposées : « la résistance à l’insuline est favorisée par l’excès de graisse, particulièrement la graisse abdominale, c’est-à-dire du ventre », précise le médecin.
- L’hypertension artérielle
- Une alimentation trop riche en graisses et en sucres
- Le tabagisme
- Les maladies cardio-vasculaires.
► Mécanisme du diabète de type 2 : « L’insulino-résistance signifie que l’insuline, même si elle est sécrétée, ne fonctionne plus comme elle le devrait », explique le professionnel. Cela signifie que tout le sucre dans le sang ne pourra pas être absorbé dans les tissus de l’organisme, et restera dans le sang, augmentant petit à petit le taux de glycémie. « Au début, malgré l’augmentation de la glycémie, la maladie est silencieuse, et on n’en voit pas les effets pendant des années. » Cela vient aussi du fait que le pancréas compense l’hyperglycémie en augmentant la synthèse d’insuline, mais au bout de 10 à 20 ans d’évolution du diabète, cela devient inefficace et le pancréas s’épuise. C’est à ce moment-là que les premiers symptômes peuvent apparaître, s’il n’y en a pas déjà.
Le diabète de type 2 est-il héréditaire ?
« Le diabète de type 2 a une hérédité plus forte que le type 1 », explique le professeur. En effet, on a plus de chance d’être atteint de diabète de type 2 si plusieurs membres de notre famille sont diabétiques. Selon le site de la Fédération des Diabétiques, lorsque l’un des deux parents est diabétique de type 2, le risque de transmission à la descendance est de l’ordre de 40 % et si les deux parents sont atteints, le risque grimpe à 70 %. « Il faut donc être plus vigilants, éviter une prise de poids importante, et éviter la sédentarité , ajoute le diabétologue. Le diabète gestationnel engendre aussi un risque plus important : « Cela augmente les chances que ces femmes aient un diabète de type 2 plus tard dans la vie. Mais ce n’est pas inéluctable, faire plus d’activité physique et manger sainement peut éviter l’apparition de la maladie », explique le spécialiste.
Comment diagnostique-t-on le diabète de type 2 ?
Le diabète de type 2 étant longtemps silencieux, un patient peut vivre de longues années sans avoir de signes d’alerte. C’est pourquoi un délai moyen de 7 ans environ s’écoule entre le moment où la glycémie devient anormalement élevée sans avoir été repérée, et le diagnostic. Une simple prise de sang pourra mettre en évidence une hyperglycémie à plus de 1,20g/l. Lorsqu’elle est constatée à au moins 2 reprises, le diabète est avéré. « Le diabète de type 2 n’est pas mortel en soi, contrairement au diabète de type 1, explique Fabrice Bonnet. Mais ce ses complications font baisser l’espérance de vie. » Afin d’anticiper les complications du diabète de type 2, plusieurs bilans doivent être fait quand le diagnostic de diabète est posé :
- un examen ophtalmologique,
- un électrocardiogramme,
- un examen des pieds,
- une recherche d’albumine dans les urines pour dépister une néphropathie diabétique,
- un écho-doppler des vaisseaux des membres inférieurs si le médecin constate une diminution ou une absence de pouls pédieux.
Quel traitement pour guérir un diabète de type 2 ?
« Le premier traitement pour le diabète de type 2 reste l’alimentation » assure Fabrice Bonnet. « Limiter l’apport en glucides, tout en pratiquant régulièrement des activités physiques, permet d’éviter l’hyperglycémie et donc de limiter le besoin en insuline », détaille-t-il. L’arrêt du tabac est également préconisé. En ce qui concerne le traitement, le diabète de type 2 peut être traité par des médicaments. Il en existe quatre classes :
- Les biguanides (Glucophage®, Stagid®…)
- Les sulfamides hypoglycémiants (Daonil®, Amarel®…)
- Les inhibiteurs de l’alpha-glucosidase (Diastabol® et Glucor®)
- Les glinides (Novonorm®).
Ces médicaments agissent soit directement en stimulant la sécrétion d’insuline, soit en favorisant l’action de celle-ci dans l’organisme ou encore en ralentissant l’absorption des sucres. « Néanmoins, quand le diabète évolue, ces médicaments ne sont plus suffisants pour réduire la glycémie et le passage à l’insuline peut être nécessaire », explique le diabétologue. Aujourd’hui, des insulines adaptées au diabète de type 2 permettant de limiter le nombre quotidien d’injections, parfois, une seule par semaine est nécessaires. « Aujourd’hui, avec l’explosion du diabète dans le monde entier, de nouveaux traitements encore moins contraignants, à base d’hormones, sont en phase de test », ajoute-t-il. L’arsenal thérapeutique contre le diabète de type 2 est donc en train de se renouveler.
Quelle alimentation pour un diabétique de type 2 ?
« L’objectif d’une alimentation adaptée au diabète de type 2 est de limiter les sucres rapides, pour éviter d’avoir à suivre un traitement par insuline. » Il faut donc avoir une alimentation la plus équilibrée possible :
► Pas d’excès de sucre (éviter le plus possible les desserts, les sodas, mais aussi certains fruits…).
► Il faut aussi éviter de manger de trop grosses doses de féculents : « Les sucres lents sont aussi des sucres » rappelle le spécialiste. « Il faudrait donc privilégier les pains complets ou les pains aux céréales qui ont un indice glycémique plus bas que les pains blancs, et les répartir en petites portions. » Ainsi, ce type d’alimentation évite d’avoir à prendre des injections d’insuline, et peut aussi, sur le long terme, faire baisser la résistance à l’insuline.
►Eviter les excès mais sans pour autant trop se priver jusqu’à ressentir de la frustration. « J’ai des patients qui se mettent trop d’interdits, ils se sont privés toute leur vie et ont l’impression que le diabète a pourri leur vie, or, on peut bien vivre en ayant le diabète aujourd’hui tant qu’on ne fait pas d’excès. Il ne faut pas non plus oublier d’associer une bonne alimentation à une activité physique, particulièrement dans le diabète de type 2. Une activité physique régulière augmente l’efficacité du métabolisme, et donc de l’insuline », explique le diabétologue.
Diabète de type 2 et grossesse
« Lors d’une grossesse sous diabète de type 2, il faut arrêter le traitement par médicament et passer à l’insuline », explique le médecin. Par précaution, il faudrait même arrêter les médicaments oraux dès un projet de grossesse. Tout au long de la grossesse, il est important de surveiller la glycémie d’encore plus près « pour que le fœtus ne grandisse pas dans un environnement trop sucré et ne devienne pas un trop gros bébé » précise le spécialiste. Il faut savoir que si le bébé à un poids trop important en approchant du terme, un accouchement par voie basse peut être compromis et une césarienne d’urgence risque d’être nécessaire. La grossesse pendant le diabète doit donc être très surveillée.
Merci au professeur Fabrice Bonnet, diabétologue et endocrinologue à Paris.
Source : JDF Santé