[Mis à jour le 27 mars 2023 à 12h12] A l’occasion de la Journée mondiale contre l’endométriose le 28 mars 2023, zoom sur une maladie gynécologique qui touche environ 1 femme sur 10 en âge de procréer en France. L’endométriose se caractérise par la présence de tissu semblable à la muqueuse utérine (tissu endométrial) qui se développe en dehors de l’utérus. Si l’endométriose est profonde, des lésions peuvent toucher différents organes : ovaire, rectum, vessie, vagin, ligaments utéro-sacrés… Et ces lésions entraînent (mais pas toujours !) l’apparition de symptômes. Comment reconnaître une endométriose ? Quels sont les signes évocateurs ? Quand et qui consulter ? Tour des 10 symptômes d’alerte d’une endométriose avec le Dr Olivier Donnez, gynécologue-obstétricien.
1. Des règles douloureuses
Le symptôme le plus caractéristique de l’endométriose est la douleur. « Une douleur qui peut se manifester juste avant les règles, pendant les règles (dysménorrhée) ou même entre les règles. Il s’agit d’une douleur pelvienne qui est variable en fonction des femmes« , explique notre interlocuteur. La douleur pelvienne se situe au niveau du petit bassin, à l’arrière de l’utérus. Typiquement, elle se manifeste par une sensation de brûlure ou de décharge électrique au niveau du bas-ventre et peut irradier vers le bas du dos ou vers les jambes.
2. Des douleurs pendant les rapports
« Certaines femmes se plaignent de douleurs au moment de rapports sexuels – on les appelle « dyspareunies » – qui surviennent soit dans certaines positions, soit dans toutes les positions. Ces douleurs surviennent généralement dans les positions dans lesquelles la pénétration est la plus profonde » (comme l’enclume ou l’Andromaque), indique le gynécologue-obstétricien.
3. Des douleurs pelviennes chroniques
L’endométriose peut entraîner une douleur pelvienne récurrente (qui persiste plus de 6 mois) et survenir entre les périodes de règles. Ce caractère cyclique est d’ailleurs évocateur de la maladie. L’Inserm précise que 40% des femmes qui présentent des douleurs pelviennes chroniques seraient atteintes d’endométriose.
4. Des brûlures urinaires
« L’endométriose peut entraîner des douleurs lors de la miction, comme des sensations de brûlure, qui peuvent faire penser à tort à une infection urinaire« , indique le gynécologue. L’endométriose peut également causer des douleurs à la défécation (expulsion des matières fécales), associées parfois à une présence de sang dans les selles.
5. Des règles abondantes
L’endométriose peut causer des hémorragies anormales qui se manifestent par des règles plus abondantes ou plus longues, que l’on appelle médicalement des ménorragies. On parle de règles abondantes quand :
► la période de saignements dure plus de 7 jours
► on perd plus de 80 ml de sang par cycle menstruel (cela représente en moyenne un changement de protection hygiénique toutes les heures)
► on perd d’importants caillots de sang de plusieurs centimètres.
6. Des saignements anormaux hors règles
L’endométriose peut entraîner des saignements entre les règles (spotting s’ils sont légers et occasionnels ou métrorragies s’il sont abondants et quasi permanents) ainsi que des contractions de l’utérus qui provoquent des douleurs. « Ces saignements sont liés à une adénomyose, une forme d’endométriose interne qui envahit le muscle de l’utérus. C’est une forme d’endométriose fréquente entre 35 et 40 ans et plus rare chez la femme jeune« , précise notre interlocuteur.
7. Une alternance diarrhée/constipation
L’endométriose peut également causer des douleurs liées au transit intestinal. « Si l’endométriose touche l’intestin, elle peut bloquer le transit, tandis que pendant les règles, l’endométriose va s’enflammer et provoquer une accélération du transit. Les femmes concernées par ce problème se plaignent donc d’une alternance de constipation et de diarrhée« , observe notre spécialiste. Des symptômes qui sont très invalidants au quotidien.
8. Une infertilité
« On estime que 50% des patientes qui souffrent d’endométriose (pas forcément à un stade avancé) présentent des troubles de la fertilité. L’endométriose est souvent associée à l’idée de ne pas pouvoir avoir des enfants. Or, c’est faux. L’endométriose crée une infertilité quand elle est présente. Mais quand elle est traitée, il est tout à fait possible de tomber enceinte« , tient à rétablir notre interlocuteur.
9. Une douleur à l’épaule
Dans de rares cas, il arrive que les lésions se trouvent très à distance de l’utérus, par exemple au niveau du diaphragme, c’est-à-dire assez haut au niveau de l’abdomen. « Et ces lésions peuvent occasionner des douleurs en dessous des côtes pendant les règles. Ces douleurs peuvent même remonter au niveau des épaules. Les lésions d’endométriose superficielle se déposent dans les endroits les plus bas. Comme les femmes passent les deux tiers de leur temps assise ou debout, l’endroit le plus bas du ventre est le cul-de-sac de Douglas, autrement dit, la partie qui se trouve juste derrière l’utérus et c’est là que les femmes ont mal le plus souvent. En revanche, lorsqu’elles sont allongées, la partie la plus basse de l’abdomen se trouve juste derrière le foie. il peut y avoir de l’endométriose à cet endroit-là. Une femme qui se plaint de douleurs à l’épaule pendant les règles doit être entendue. Ce n’est pas anodin, même si ça reste rare« , détaille notre expert.
10. Un mal de dos
Il y a des symptômes qui sont liés à des maladies qui sont à un stade plus avancé en termes de douleurs. « Une douleur au niveau du milieu du dos pendant les règles peut être un signe de souffrance rénale. En effet, dans des cas extrêmes, une endométriose qui s’est étendue peut toucher les uretères (tuyaux qui amènent l’urine du rein vers la vessie) et empêcher l’urine d’aller dans la vessie. L’urine s’accumule dans le rein, ce qui à terme, impacte son fonctionnement et dans les cas les plus sévères, entraîne une perte totale de la fonction du rein« , alerte le Dr Donnez.
► Si vous constatez la survenue d’un ou plusieurs de ces symptômes, il est important d’en parler à son médecin traitant ou à son gynécologue qui pourra ensuite vous orienter vers des spécialistes si une endométriose est suspectée. Des examens (par exemple, une échographie pelvienne, une résonnance magnétique pelvienne…) pourront être réalisés pour poser un diagnostic.
Une endométriose sans symptômes, ça existe ?
A savoir aussi que certaines formes d’endométriose sont asymptomatiques et évoluent silencieusement. Dans ce cas, la maladie est généralement découverte de façon fortuite.
Merci au Dr Olivier Donnez, gynécologue-obstétricien à la Polyclinique Urbain V, établissement Elsan, qui fait partie de l’ensemble des Hôpitaux Privés du Vaucluse à Avignon.
Source : JDF Santé