Définition : qu’est-ce que la dysmorphophobie ?
Trouble psychique de plus en plus répandu, la dysmorphophobie impacte environ 2% de la population mondiale, principalement des femmes. « Le sujet souffre d’une vision déformée de lui-même, en total désaccord avec la réalité, explique Rodolphe Oppenheimer, psychanalyste et psychothérapeute. La personne pourra par exemple s’imaginer en surpoids et être en réalité maigre. Dans la plupart des cas, l’image que l’individu s’est construite est émotionnelle et ne découle en aucun cas d’un raisonnement lucide vis-à -vis de sa propre personne« . Le plus souvent, le défaut ou la légère imperfection se trouve sur la tête ou le visage. Mais n’importe quelle partie du corps peut être le focus d’attention. Souvent ces préoccupations quant à l’image corporelle débutent lors de l’adolescence.
Comment reconnaître une personne qui souffre de dysmorphophobie ?
Un sujet atteint de dysmorphophobie est obsédé par un défaut physique dont il va exagérer la plupart du temps l’importance : un nez trop imposant, des seins trop petits ou encore des cuisses trop larges. « La souffrance quotidienne éprouvée face à ce défaut est si importante que beaucoup feront tout et n’importe quoi pour l’effacer, jusqu’à parfois risquer leur propre intégrité physique« , poursuit le thérapeute. « Les femmes anorexiques souffrent majoritairement de ce trouble psychiatrique et s’imaginent toujours plus « grosses » qu’elles ne le sont vraiment. Les personnes accros aux interventions de chirurgie esthétique vont jusqu’à remodeler leur propre identité (changement de couleur des yeux par exemple) et elles sont de plus en plus nombreuses« . Le stress lié à la dysmorphophobie peut être très grave et entraîner des conséquences au niveau des activités quotidiennes, de tâches liées à son emploi, lors de situations sociales. Il peut également mener à des pensées suicidaires et des tentatives de suicide.
Quelles sont les causes d’une dysmorphophobie ?
La plupart des personnes éprouvent un mal être important vis à vis de leur propre image, souffrent d’un grand manque de confiance en elles et sont émotionnellement très fragiles. « Les réseaux sociaux ont d’ailleurs augmenté l’impact de ce trouble, notamment à cause de l’existence du « filtre« , enjolivant la réalité… ».
Y a-t-il un test pour savoir si on souffre de dysmorphophobie ?
« Il existe bien un examen clinique pour diagnostiquer ce trouble, confirme notre interlocuteur. Il s’agira de mesurer l’importance des symptômes dans la vie du sujet, leur fréquence et leur durée« .
Traitement : comment se sortir de la dysmorphophobie ?
Rencontrer un psychothérapeute est indispensable si l’on souhaite vaincre ce trouble de plus en plus répandu. « Comme la plupart des patients, le sujet voudra vaincre la dysmorphophobie le plus rapidement possible mais il faudra du temps pour apprivoiser le problème et changer progressivement le regard qu’il porte sur lui-même, analyse Rodolphe Oppenheimer. Perdre ou prendre du poids, remodeler un détail sur son visage, changer ce qui n’allait pas. Ce ne sera pas suffisant. C’est tout un processus d’acceptation psychologique qu’il faudra mettre en place par la suite ! ». La psychothérapie comme la psychanalyse sont conseillées dans le traitement de ce trouble car elles permettent aux personnes de remodeler leurs perceptions vis à vis de leurs propres corps et émotions. « Enfin, la psychothérapie cognitive-comportementale (TCC) est grandement conseillée pour redéfinir les croyances envers son apparence physique. Au travers d’une exposition graduelle et mesurée, le sujet apprend à se voir différemment et à accepter certaines de ses particularités jusqu’à éprouver de la bienveillance envers sa propre image« .
Merci à Rodolphe Oppenheimer, psychothérapeute, psychanalyste et enseignant en TCC à Clichy (92), auteur de plusieurs ouvrages dont le dernier, « La psychothérapie par téléphone », aux Editions Odile Jacob.
Source : JDF Santé