Décollage, atterrissage, turbulences, « trous d’air », altitude… La peur de l’avion concernerait environ 20% des voyageurs selon l’Association Internationale du Transport Aérien (IATA) et pour 4%, un vol en avion est insupportable. Cette peur, qui relève d’une phobie, est donc fréquente et plus ou moins démesurée, ce qui peut être très handicapant dans la vie personnelle voire professionnelle. D’où vient-elle ? Quels sont les signes d’une peur en avion ? Quelles solutions pour la surmonter ? L’hypnose ? La thérapie ? Un stage de simulateur de vol ?
Quel est le nom de la peur de l’avion ?
La peur de l’avion se nomme l’aviophobie, un terme construit à partir des mots « avion » et « phobos » (φόβος) qui signifie « peur » en grec. On entend également le terme aérophobie. « Dans le langage courant, on parle de « peur de l’avion », mais cette peur relève plutôt d’une phobie. La phobie est un cran au-dessus de la peur. Il s’agit d’une peur maladive et irrationnelle à propos d’une situation. La personne qui est phobique va mettre en place des stratégies d’évitement pour ne pas être confrontée à l’objet de sa phobie« , décrit Maïté Tranzer, psychologue clinicienne.
Quels sont les symptômes d’une peur de l’avion ?
Comme toutes les phobies, la phobie de l’avion est associée à des symptômes physiologiques qui peuvent survenir en amont de l’événement ou pendant, comme :
- Des difficultés à respirer
- Une accélération du rythme du cœur ou des palpitations…
- Des nausées et vomissements
- Des attaques de panique
- Des tremblements des membres
- Une transpiration excessive…
6 conseils pour surmonter sa peur de l’avion : stage, hypnose…
1. Les exercices de respiration peuvent aider à se détendre avant et pendant le vol. « Par exemple, la méthode Valsalva, qui ressemble à la cohérence cardiaque, consiste à exprimer de l’air en ayant la bouche fermée et le nez pincé. Elle permet une oxygénation du cerveau rapide, ce qui a pour but d’atténuer l’anxiété« , explique Maïté Tranzer.
2. Le fait de faire de l’anticipation positive et se dire qu’il n’y a aucune raison que le vol ne se passe pas bien (sans pour autant être dans un déni) peut aider. Les statistiques et les chiffres issus d’études scientifiques rassurent. Il est également possible de discuter avec le personnel de bord qui pourra objectivement vous rassurer (il est notamment formé à ce sujet). Aussi, les écrans vidéo qui suivent la trajectoire de l’avion sur une carte virtuelle sont très rassurants car ils permettent de visualiser concrètement la progression de l’avion.
3. Pendant le vol, « on conseille de se créer une routine positive (écouter une musique qui apaise, mettre un masque de sommeil, des vêtements confortables, un parfum agréable..)« , recommande notre experte.
4. Air France propose des stages d’une journée pour lutter contre la phobie de l’avion, à l’aide de simulateurs de vol et de casques de réalité virtuelle pour que la personne soit directement confrontée à l’objet de sa peur et qu’elle puisse la matérialiser et la dédramatiser. Elle peut également discuter avec des pilotes pour se rassurer.
5. Les thérapies cognitives et comportementales (TCC) sont particulièrement indiquées dans la prise en charge des phobies. L’objectif est de comprendre la cause de la peur pour pouvoir mettre en place des stratégies d’apaisement.
6. La sophrologie, l’acupuncture et l’hypnose sont particulièrement efficaces dans le cas d’une phobie de l’avion.
D’où vient une peur de l’avion ?
« La peur de l’avion peut résulter d’une mauvaise expérience ou d’un événement traumatique qui a eu lieu par le passé (un vol compliqué, des secousses ou des turbulences…) mais elle peut également survenir chez des personnes qui n’ont jamais connu de difficultés particulières dans un avion, observe notre interlocutrice. Cette phobie peut également être générée par son entourage (quelqu’un de sa famille qui lui-même a peur et qui la transfère sur nous) ou favorisée par des discours anxiogènes. Résultat : on s’affranchit de toute raison et des statistiques pour penser au pire. Cette anticipation est une spirale infernale et vicieuse. « La peur de l’avion se manifeste généralement chez des personnes qui ont des difficultés à lâcher-prise et qui sont dans un contrôle permanent. Elle peut aussi être associée à d’autres peurs comme la peur du vide (acrophobie), la peur des endroits clos (claustrophobie) ou agoraphobie et indirectement, elle est liée à la peur de la mort (la peur du crash). En fait, elle cristallise souvent d’autres peurs sous-jacentes« . La peur de l’avion est tout à fait compréhensible et justifiable dans le mesure où elle est liée à la peur de l’inconnu et de ce qu’il peut se passer en vol et à l’arrivée. C’est d’ailleurs, pour certains, difficile à comprendre et à conscientiser qu’un objet si lourd puisse voler dans le ciel, sans tomber. L’avion peut ainsi représenter un danger : c’est un lieu fermé dont on ne peut pas sortir, on est loin de la terre ferme, on ne touche plus le sol, on est obligé de rester passif et on ne peut rien contrôler à bord d’un avion. On se souvient notamment de films « catastrophe » dans lesquels un avion prend feu, se fend en deux ou explose en plein vol (c’est du cinéma !). Pour autant, dans la vraie vie, les accidents d’avion sont objectivement rarissimes : la revue Discovery (en anglais) rapporte qu’un accident se produit lors d’un vol sur 1,2 million en moyenne. Ce qui signifie que statistiquement, un passager devrait prendre un avion tous les jours pendant 123 000 ans avant de connaître un crash, illustre le New York Times (en anglais).
Quels médicaments prendre contre la peur de l’avion ?
Si, malgré tout, la peur de l’avion est insurmontable, il est possible de demander à son médecin la prescription d’un anxiolytique léger (un calmant) à prendre juste avant le vol : une benzodiazépine anxiolytique (Buspirone par exemple) permettra de soulager les symptômes anxieux le temps du vol. L’usage des anxiolytiques ne doit toutefois être envisagé que de façon exceptionnelle, car ces médicaments ne soignent pas l’origine de la phobie. A noter que leur consommation régulière comporte des risques de dépendance et leur effet diminue avec le temps.
Merci à Maïté Tranzer, psychologue clinicienne.
Source : JDF Santé