4ème dose vaccin Covid : France, recommandations, pour qui ?

[Mis à jour le 4 avril 2022 à 16h33] La vaccination des plus fragiles face au Covid est très importante, surtout avec la hausse des cas observée depuis mars. Le 29 mars, les ministres européens de la Santé ont chargé la Commission européenne de travailler à une position commune sur l’injection d’une 4ème dose de vaccin contre le coronavirus. « Des données scientifiques commencent à apparaître qui montrent une diminution de l’immunité conférée par la troisième dose quatre mois après cette troisième dose chez les personnes âgées de 60 ans et plus« , a déclaré Olivier Véran lors de la réunion du 29 mars du Conseil de l’Union Européenne. « Aujourd’hui on voit des Etats qui ont ouvert la quatrième dose aux plus de 75 ans, d’autres aux plus de 80 ans, c’est le cas de la France, un autre, les Pays-Bas, aux plus de 60 ans, d’autres ne l’ont pas encore ouvert, donc cela crée des interrogations légitimes« , a expliqué le ministre de la santé. L’Allemagne recommande actuellement cette quatrième dose aux plus de 70 ans, aux personnes particulièrement vulnérables et aux personnels de santé. En France, la Haute Autorité de Santé recommande aussi cette dose supplémentaire « aux personnes de 65 ans et plus, à très haut risque de forme sévère de la maladie et/ou polypathologiques et qui le souhaitent ». Le rappel vaccinal (2e, 3e ou 4e dose) permet de rebooster le système immunitaire et de limiter les formes graves d’une infection au coronavirus. Qui doit faire 4 doses aujourd’hui en France ? Est-ce obligatoire ? Combien de temps après la troisième injection ? Quelles indications ? Avec quel vaccin ? Pfizer ou Moderna ? 

Qui doit faire une 4ème dose de vaccin en France ?

Depuis le 14 mars, les personnes âgées de 80 ans et plus ayant reçu leur dose de rappel depuis plus de 3 mois et tous les patients immunodéprimés (plus uniquement les « sévèrement immunodéprimés ») peuvent effectuer une 4ème dose de vaccin contre le Covid-19, comme annoncé par Jean Castex le 12 mars dans les colonnes du Parisien. Conformément à l’avis du COSV de novembre 2021, les personnes sévèrement immunodéprimées concernées par la 4ème dose sont :

  • personnes transplantés d’organes solides,
  • personnes transplantés récents de moelle osseuse,
  • patients dialysés,
  • patients atteints de maladies auto-immunes sous traitement immunosuppresseur agressif de type anti-CD20 ou anti-métabolites,
  • patients atteints de certains types de lymphomes traités par anti-CD20 ou inhibiteurs de BTK,
  • patients atteints de leucémie lymphoïde chronique,
  • patients atteints de formes rares de déficits immunitaires primitifs,
  • myélomes sous traitement

La Haute Autorité de Santé recommande une quatrième dose de vaccin « aux personnes de 65 ans et plus, à très haut risque de forme sévère de la maladie et/ou polypathologiques et qui le souhaitent, dans le cadre d’une décision médicale partagée avec leur équipe soignante, prenant en compte leur situation médicale individuelle« . Le gouvernement ne l’a pas encore confirmée.

La 4ème dose est-elle obligatoire ?

La quatrième dose de vaccin contre le coronavirus n’est pas obligatoire mais « ouverte« , c’est-à-dire possible pour les personnes âgées d’au moins 80 ans et pour tous les patients immunodéprimés a précisé le Premier ministre Jean Castex le 12 mars.

Demain, une 4ème dose pour tous ?

Le 29 mars, les ministres européens de la Santé ont chargé la Commission européenne de travailler à une position commune sur l’injection d’une 4ème dose de vaccin contre le coronavirus. « Des données scientifiques commencent à apparaître qui montrent une diminution de l’immunité conférée par la troisième dose quelque quatre mois après cette troisième dose chez les personnes âgées de 60 ans et plus« , a déclaré Olivier Véran lors de la réunion du 29 mars du Conseil de l’Union Européenne. « Aujourd’hui on voit des Etats qui ont ouvert la quatrième dose aux plus de 75 ans, d’autres aux plus de 80 ans, c’est le cas de la France, un autre, les Pays-Bas, aux plus de 60 ans, d’autres ne l’ont pas encore ouvert, donc cela crée des interrogations légitimes« , a expliqué le ministre de la santé. L’Allemagne recommande actuellement cette quatrième dose aux plus de 70 ans, aux personnes particulièrement vulnérables et aux personnels de santé. « La HAS considère qu’il n’est pas pertinent de recommander actuellement l’administration d’une seconde dose de rappel en population générale » dans un communiqué du 18 mars. Ella la recommande aux personnes de plus de 65 ans à très haut risque de forme sévère de Covid. Ces personnes sont sujettes à l ‘immunosénescence, le phénomène de perte d’efficacité du système immunitaire induite par le vieillissement de l’individu et notamment des anticorps jouant un rôle dans l’infection et la transmission du Covid-19. « Une réflexion approfondie est en cours afin d’aboutir à des recommandations relatives à une stratégie vaccinale anti-Covid-19 de moyen et de long terme, prenant notamment en compte l’arrivée prochaine de nouveaux vaccins et de vaccins adaptés aux différents variants circulants, les enjeux d’acceptabilité par la population ainsi que l’ensemble des données immunologiques et cliniques disponibles » précise la HAS.

Qu’en disent les laboratoires de production des vaccins ? Stéphane Bancel, PDG de Moderna, avait assuré, lors d’une conférence de presse le 6 janvier qu’une 4e dose de vaccin anti-Covid sera très probablement nécessaire : « Je crois toujours que nous aurons besoin de boosters à l’automne 2022 et au-delà. » Albert Bourla, PDG de Pfizer, a déclaré sur BFM-TV lundi 17 janvier : « Pour le moment, il est important d’avoir trois doses pour une vaccination complète, peut-être une quatrième dose un peu plus tard pour la population générale. Nous sommes en train de tester la quatrième dose mais nous n’avons pas encore de données. Au mois de mars, nous aurons les données sur l’efficacité d’une quatrième dose. »

Quelle est l’efficacité de la 4ème dose ?

« Après un rappel par le vaccin Pfizer, l’efficacité vaccinale contre les hospitalisations était de 90 % et diminuait à environ 85 % après 5 à 9 semaines puis 75 % après 10 à 14 semaines. Après un rappel par le vaccin Moderna, l’efficacité du rappel contre l’hospitalisation était de 90 à 95 % jusqu’à 9 semaines après la vaccination«  indique la HAS dans son avis du 17 mars 2022. « L’efficacité vaccinale contre les infections symptomatiques était similaire pour le sous-lignage BA.1 et BA.2 d’Omicron«  ajoute l’Autorité en se basant sur les données d’une étude. « Sur le plan épidémiologique, la bonne conduite des campagnes de primo-vaccination et de rappel vaccinal apporterait des effets supérieurs à la mise en place d’une seconde dose de rappel (4e dose, ndlr)«  a défendu le COSV dans son avis. « En France, les données d’hospitalisation, d’admission en soins critiques et de décès de la DREES suggèrent également que le rappel protégerait efficacement contre les formes sévères, bien que la protection soit inférieure contre le variant Omicron par rapport à celle contre le variant delta » a précisé le COSV. « Les immunités ‘hybrides’ (vaccin et infection) confèrent également de meilleures capacités de neutralisation. Or, face à la très forte circulation virale actuelle, il est très probable que la part de la population disposant d’une immunité hybride soit en augmentation » indique encore le COSV.

Quel est le délai pour faire sa 4ème dose ?

► A 65 ans : la HAS recommande de respecter un délai d‘au moins 6 mois après le premier rappel. 

► A 80 ans et pour les immunodéprimés : la quatrième dose de vaccin concerne ceux qui ont reçu leur dose de rappel depuis plus de 3 mois.

► Chez les personnes sévèrement immunodéprimées, la quatrième dose de vaccin fait partie de leur schéma complet de primo-vaccination. Ils peuvent ensuite faire un rappel sur avis médical. Elle est réalisée un mois après la 3ème dose. 

Moderna ou Pfizer : quel vaccin pour la 4ème dose ?

La dose de rappel vaccinal pour les personnes âgées de 80 ans et plus et tous les immunodéprimées se fait uniquement avec un vaccin à ARNm, soit Pfizer (dosage à 30 µg) ou Moderna (dosage à 50 µg) quel(s) que soi(en)t le ou les vaccins utilisés précédemment selon le COSV. Le vaccin Pfizer est le seul à être recommandé pour les personnes âgées de moins de 30 ans. « Une dose pleine du vaccin Pfizer-BioNTech ou une demi-dose de vaccin Moderna sont utilisées pour ce deuxième rappel vaccinal » préconise la DGS.

Quels résultats en Israël ?

Israël a commencé le 3 janvier 2022 à injecter une quatrième dose « aux personnes âgées de 60 ans et plus, au personnel médical et aux employés des établissements de santé et de protection social« , en plus des personnes immunodéprimées concernées depuis le 31 décembre selon le ministère de la Santé du pays. Selon Zvika Granot, immunologue israélien à l’Université hébraïque de Jérusalem cité dans l’avis du COSV du 26 janvier, « l’initiative de commencer une campagne de quatrième dose [en israël] n’est basée sur aucun essai clinique. Il n’y a aucune garantie que cela soit sans danger« . « Elle est ouverte aux plus fragiles, mais elle n’est pas nécessairement recommandée (…). On n’a pas suffisamment de données en ce qui concerne l’efficacité et la sûreté de cette quatrième dose« , a admis Cyrille Cohen, immunologue à l’université Bar-Ilan de Tel-Aviv (Israël), auprès de franceinfo, le 3 janvier 2022. L’équipe de l’hôpital Sheba a initié un essai clinique prévu sur 6 mois, vaccinant 154 soignants avec une quatrième dose Pfizer et 120 autres volontaires avec une quatrième dose Moderna. Ils avaient tous reçu une troisième dose il y a plus de quatre mois et la quantité de leur anticorps semblait avoir décru. L’hôpital a indiqué qu’une semaine après le début de l’essai clinique, les anticorps des participants avaient été multipliés par cinq. « Cependant, nous constatons que de nombreuses personnes infectées par Omicron ont reçu la quatrième dose. Certes, un peu moins mais quand même beaucoup d’infections » a précisé la professeure Gili Regev-Yochay, experte en maladies infectieuses qui dirige cette étude. Selon la professeure, « l’essentiel est que le vaccin est excellent contre Alpha et Delta mais pour Omicron, il n’est pas assez bon. » 

Sources :

Conseil d’Orientation de la Stratégie Vaccinale Recommandations pour la protection des personnes sévèrement immunodéprimées contre le Covid-19 (Vaccination et prophylaxie primaire) – 19 novembre 2021

Lancement de la campagne de rappel vaccinal contre la Covid-19 pour les populations prioritaires- DGS- 27 août 2021

Conseil d’Orientation de la Stratégie Vaccinale Avis du 19 août 2021 – Délai minimal entre la primo-vaccination et le rappel de vaccination


Source : JDF Santé